約 2,976,994 件
https://w.atwiki.jp/oper/pages/3130.html
PROLOGUE (Une scène à deux étages réunis par un escalier assez raide. Sur la scène II un bûcher et au milieu du bûcher un poteau auquel Jeanne est attachée par des chaînes. Pendant la première scène obscurité complète) CHŒUR (sotto voce) Ténèbres! Ténèbres! Ténèbres! Et la France était inane et vide, et les tenèbres couvraient la face du royaume. Et l Esprit de Dieu sans savoir où se poser planait sur le chaos des âmes et des coeurs, sur le chaos des âmes et des volontés sur le chaos des consciencies et des âmes. SOPRANO Du fond de l engloutissement j ai élevé mon âme vers toi, Seigneur! Ah Seigneur, si vous tardez encore, qui sera capable de vous soutenir? CHŒUR Ténèbres! Ténèbres! Ténèbres! Et la France était inane et vide, et les tenèbres couvraient la face du royaume. Toi, de la gueule du lion et de la main des unicornes, sauve-nous, Eli, Fortis, Ischyros! RÉCITANT Il y eut une fille appelée Jeanne! CHŒUR Il y eut une fille appelée Jeanne! Il y eut une fille appelée Jeanne! Qui, qui, qui a jamais ouï dire une telle chose? Qui, qui, qui a jamais entendu rien de pareil? Il y eut une fille appelée Jeanne! Est-ce que la terre enfantera en un seul jour? Et tout un peuple sera-t-il engendré dans un même temps? Du fond de l engloutissement j ai élevé mon âme vers toi, Seigneur! RÉCITANT Il y eut une fille appelée Jeanne! CHŒUR Fille de Dieu, va! va! va! RÉCITANT Est-ce que la France va être déchirée en deux pour toujours? CHŒUR Fille de Dieu, va! va! va! RÉCITANT Ce que Dieu a uni, que l homme ne le sépare pas! CHŒUR Fille de Dieu, va! va! va! Cet amour qui nous unit à nos frères. Qui! Qui! Qui sera capable de nous en séparer? Pas la violence, ni le découragement, ni la fraude, et ni l altitude, ni la profondeur… RÉCITANT Il y eut une enfant appelée Jeanne! CHŒUR Et la France était inane et vide et les ténèbres couvraient la face du royaume. De profundis clamavi ad te, Domine, Domine, quis sustinebit? RÉCITANT Il y eut une vierge appelée Jeanne. Scène I Les voix du ciel (On entend un chien hurler dans la nuit. Une fois. Deux fois. A la seconde fois l’orchestre se mêle au hurlement en une espèce de sanglot ou de rire sinistre. A la troisième fois les choeurs. Puis silence. Puis les Voix de la nuit sur la forêt à quoi se mêle peut-être, très faiblement, la chanson de Trimazô et une impression limpide de rossignol. Puis silence et quelques mesures de méditation douloureuse. Puis de nouveau le choeur à bouches fermées. Crescendo. Diminuendo. Puis les Voix, distinctes) CHŒUR Jeanne! Jeanne! Jeanne! Scène II Le livre (Jeanne à demi assise et agenouillée au pied du poteau éclairée par un réflecteur. Entre au pied du bûcher Frère Dominique tenant un livre.) FRÈRE DOMINIQUE Jeanne! Jeanne! Jeanne! JEANNE Qui m appelle? Qui est-ce qui m appelle? Qui est-ce qui a dit Jeanne? (Les voix s estompent progressivement à l imperceptible. Le Réflecteurs sur Fray Domingo) FRERE DOMINIQUE Ne me reconnais-tu pas? JEANNE Je reconnais l habit de Dominique, la robe blanche et le manteau noir. FRERE DOMINIQUE Ma robe blanche que mes frères de Paris et de Rouen ont souillée d une telle souillure que ni la soude, ni l herbe à foulon ne suffiront à l effacer. JEANNE Frère Dominique, la bonté de Dieu y suffira, et le sang de cette fille innocente. FRERE DOMINIQUE Jeanne, ma soeur, ainsi tu m as reconnu? JEANNE Frère, frère Dominique, nous sommes des animaux de la même laine! Et moi, je suis quelqu un dans le troupeau qui reconnait la voix de son conducteur. FRERE DOMINIQUE Puisque mes frères et mes fils m ont trahi; puisque ceux qui devraient être la puissante voix du Vrai se sont faits à contre-Dieu tes accusateurs et tes bourreaux, Jeanne. Puisque la parole entre ces mauvais doigts entremêlés est devenue grimoire, c est moi-même, Dominique, moi, Dominique, qui du ciel suis descendu vers toi avec ce livre. JEANNE Dominique, frère Dominique, tous ces temps, tous ces temps que voici j ai vu beaucoup de plumes à l oeuve autour de moi. FRERE DOMINIQUE Tout cela a fait un livre. JEANNE Cette voix terrible qui me questionnait et toutes ces plumes sans relâche autour de moi. Tout cela a fait un livre et moi, je ne sais pas lire. FRERE DOMINIQUE Le livre que je t apporte pour le comprendre, il n y a pas besoin de savoir ni A ni B. Ce paquet de mots que ces Limousins sur la terre ont ficelé dans le latin de Fouarre; cette procédure qu ils ont pétrie dans le patois de Coutances, les Anges pour tous les temps l ont traduit dans le ciel. JEANNE Lis donc, Frère, au nom de Dieu, pour moi et moi, je regarde par dessus ton épaule. FRÈRE DOMINIQUE (faisant le signe de la croix) Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il. CHŒUR Ainsi soit-il. (Fray Domingo se trouve sur le premier barreau de l échelle. Jeanne fait le signe de la croix avec ses mains enchaînées) Scène III Les voix de la terre FRERE DOMINIQUE (lisat) Jeanne! Jeanne! Jeanne! Hérétique! Sorcière! Relapse! Ennemie de Dieu. Ennnemie du Roi. Ennemie du Peuple. Qu on l enlève, qu on la tue, qu on la brûle! JEANNE Hérétique! Sorcière! Relapse! Frére Dominique! Tout cela, c est Jeanne d Arc? Est-ce vrai? Est-ce moi qui suis tout cela? CHŒUR Hérétique! Sorcière! Relapse! Jeanne! Jeanne! Jeanne! JEANNE Eh quoi! Ces prêtres que je vénérais, ce pauvre peuple que j aimais. Leur Jeanne, leur pauvre enfant avec eux c est vrai qu ils veulent la brûler? C est vrai qu ils me brûler… CHŒUR Assez! Assez! Assez! Jeanne! Jeanne! Jeanne! Qu on l enlève, qu on la tue, qu on la brûle! Hérétique! Sorcière! Relapse! FRERE DOMINIQUE Tu as entendu les voix du ciel, et maintenant écoute en bas ce qu ils en ont fait; écoute ce qu ils en ont retenu. Écoute les voix de la terre! BASSE SOLO (à la Bach) Mulier spiritum pythonis habens, anima quaedeclinaverit ad magos et ariolos et fornicatafuerit cum eis… CHŒUR (violemment) Joanna! BASSE SOLO (de même) Ponam, ponam faciem meam contra eam et interficiam eam de medio populi mei! CHŒUR (violemment) lex est! TENOR SOLO (Impérieuse) Joanna! CHŒUR Hic, hic, hic, hic, hic est Joanna. Hic est Joanna peccatrix! TENOR SOLO Stryga! CHŒUR Pereat! TÉNOR SOLO Haeretica! CHŒUR Pereat! TÉNOR Relapsa! CHŒUR Pereat! TENOR Malis artibus addicta! Inimica Regis et Populi! CHŒUR Morte moriatur! TÉNOR Prostibulum inferni! Instrumentum Satanae! CHŒUR Comburatur igne! JEANNE C est vrai! C est vrai! Je me souviens! Le feu qui brûle! Cette fumée qui étouffe! Oh comme cela fait mal! Prêtres! Prêtres de Jésus Christ! C est vrai que je faisais tant de mal? C est vrai que vous la détestiez tellement, votre pauvre Jeanne? CHŒUR (Sourdement) Pereat! FRERE DOMINIQUE Non, Jeanne, ce ne sont pas des prêtres qui t ont jugée. Quand ces bêtes féroces se sont réunies autour de toi, la rage au coeur et l écume aux crocs, ces prêtres, ces politiques, l Ange du Jugement qui tient les hautes balances d un soufflet il a fait tomber de leurs têtes et de leurs épaules la mitre, le capuchon et le froc. (Entrent les Juges en bottes dans un coin.) Les voici dépouillés comme des forçats! Qu ils reçoivent la coiffure qui leur est appropiée! Ils faut que Jeanne comme jadis ses soeurs sur l arène de Rome soit livrée aux bêtes! L élue de Dieu, la Sainte de Dieu. Ce ne sont pas des prêtres, ce ne sont pas des hommes, ce sont des bêtes qui vont la juger. Scène IV Jeanne livrée aux bêtes. (Entre l’appariteur avec plusieurs serviteurs portant les défroques, les masques et les coiffures) LE HERAUT (coup de trompette) La Cour! Faites silence! L APPARITEUR Qui sera le Président? LE HERAUT Le Tigre! CHŒUR Le Tigre! L APPARITEUR Le Tigre se récuse. LE HERAUT Le Renard! CHŒUR Le Renard! L APPARITEUR Le Renard dit qu il est malade. LE HERAUT Le Serpent! CHŒUR Le Serpent! L APPARITEUR Le Serpent s est sifflé lui-même au fond d un trou. LE HERAUT Mais alors il n y a personne pour présider? CHŒUR Mais alors? Si! Si! Si! fait! Il y a quelqu un! L APPARITEUR Qui est-ce? Qui se propose pour juger Jeanne d Arc? PORCUS Moi! Moi! Moi! Moi! Je me propose pour juger Jeanne d Arc. L APPARITEUR Qui êtes-vous? Comment vous appelez-vous? PORCUS Ego nominor Porcus. Je m appelle Cochon. Moi! Moi! Je suis le Cochon. CHŒUR Porcus! Porcus! Roin! Roin! Sit Porcus praeses noster! Non habemus alium judicem nisi Porcum. Vivat et semper vivat Porcus porcorum! Dignus, dignus est praesidere in nostro praeclaro corpore! Roin! Roin! Sicut lilium inter spinas, ita formosus iste inter cucullos! Quis enim dedit nobis patatas? Ceciderunt stellae de coelo et factae sunt pro nobis patatae? Ecce quam bonum et jucundum est habitare fratres in unum, omnes comedentes patatas. Quis judex sicut Porcus Dominus noster? Hic est Nasus inter nasos dijudicans truphas et patatas. Sternutatio ejus splendor ignis. PORCUS Moi! Moi! Je suis le Cochon! CHŒUR Porcus porcorum! Roin! Roin! Vivat et semper vivat Porcus praeses noster! (L’ Appariterr coiffe Porcus d’une tête de cochon- Le président ouvre la séance) L APPARITEUR Qui sont les assesseurs? CHŒUR Bée! bée! bée! (Tout avance à la fois) L APPARITEUR Qui êtes-vous? CHŒUR Ego nominor Péééééécus. L APPARITEUR Pecus de pecore, prenez-place à droite et à gauche et recevez vos insignes. (On les coiffe de têtes de mouton.) Et maintenant, où est le greffier? L ANE C est moi, l Âne! Asinus adest. (Vient le âne. Immense éclat de rire dans le choeur se terminant par des sanglots.) CHŒUR Ha! ha! ha! ha! ÂNE CHŒUR (comme aux fêtes de l’Âne au Moyen Age) BASSES, ENSUITE SOPRANOS Ecce magnis auribus Adventavit Asinus, Pulcher et fortissimus Sarcinis aptissimus. LES AUTRES Hé Sire Âne, ça chantez, Belle bouche rechignez, Vous aurez du foin assez, Et de l avoine à planté, Hi ha!, hi ha!, hi ha! PORCUS Faites entrer l accusée! (Entre Jeanne enchaînée.) Jeanne, successit illi praeclaro tribunali, je veux dire qu après de longs efforts ce sage et illustre tribunal a enfin réussi par des moyens tour à tour sauves et sévères, et par de patientes et ingénieuses interrogations tant physisques que morales, à éliciter la vérité du fond d une volonté égarée et d un coeur pervers. (Le Chœur d âne éclate soudain de rire) CHŒUR Ecce magnis auribus! LE HERAUT Silence! PORCUS Et maintenant il a plu au Roi de France et d Angleterre, notre légitime souverain… (Tous les lieu, renforcer leurs fausses têtes et retourner se pour asseoir) … De te convoquer ici pour entendre ta juste sentence. Tu vas ouir par quelles industries, dans sa grande miséricorde cette Cour sage et illustre que moi, Cochon, je préside… (Tous les lieu, saluent et revenir s asseoir) … A décidé de te débarrasser grâce à la flamme claire du feu de ce noir démon à laquelle tu t es criminellement enchevêtrée. Mais auparavant nous voulons encore une fois de ta bouche cet aveu solennel qui est nécessaire à la sécurité de nos consciences. À genoux! (Jeanne s agenouille) Joanna, filia Romae, faterisne et confiteris te tenerrimam puellam non naturali auxilio victoriam de manibus Regis Nostri… (Tous les lieu, saluent ) … Evulsisse et fortes exercitus ejus sicut paleam in probrosissimam fugam versisse? Traduisez! L ANE Jeanne, reconnais-tu que ce n est pas par tes propres forces et des moyens naturels que tu es venue à bout des Anglais? JEANNE Je l avoue! CHŒUR Elle avoue! PORCUS Écrivez! (Le notaire écrit) Joanna, filia Romae, faterisne et confiteris te auxilio Diaboli potentissimi alapum dedisse Regi Nostro et fortes exerci tus ejus in probrosissimam fugam versisse? Traduisez! L ANE Jeanne, reconnais-tu que c est par l aide du Diable, très puissant Notre Seigneur… (Tous font le geste de se lever.) PORCUS Assis! Assis! Quels idiots! Assis au nom du Diable! (Il arrache le papier des mains de l’Âne.) Jeanne, reconnais-tu que c est par l aide du Diable que tu as tout fait? JEANNE Je dis Non! PORCUS Qu est-ce qu elle dit? L ANE Elle dit qu elle dit oui! PORCUS Écrivez qu elle a dit oui. Et maintenant je vais consulter le tribunal. (S’adressant à droite au premier assis) Pecus, quid dicis? PECUS Bée, bée, bée, bée! PORCUS (s’adressant à gauche de même) Pecus, quid dicis? CHŒUR (a cappella) Bée, bée, bée! L ANE Habemus confitentem reum. PORCUS Docti et sancti fratres, sic vobis justum et aequum videtur ut Joanna, filia Romae, Stryga, morti condemnetur? CHŒUR (violemment) Moriatur stryga! PORCUS Fiat voluntas Regis Nostri! (Toutes salut) Audivistis sententiam. (Comme au début, montant) Stryga! CHŒUR Pereat! PORCUS Haeretica! CHŒUR Pereat! PORCUS Relapsa! CHŒUR Pereat! PORCUS Inimica Regis et totius generis humani! CHŒUR Morte moriatur! PORCUS Joanna Stryga, filia Romae! CHŒUR Comburatur igne! Scène V Jeanne au poteau (Hurlement du chien) JEANNE Quel est ce chien qui hurle dans la nuit? FRERE DOMINIQUE Ce n est pas un chien, c est Yblis le désepéré qui hurle tout seul au fond de l enfer! BASSES Hérétique! JEANNE Hérétique! BASSES Sorciére! JEANNE Sorcière! BASSES Relapse! JEANNE Relapse! BASSES Cruelle! JEANNE Cruelle! C est moi, Jeanne, qui suis tout cela? L Église, les prêtres, tout ce qu il y a au monde de respectable et de capable et de savant; c est cela, d une voix qui me condamne. Explique-moi, frère Dominique, qu est-ce que j ai fait? Lis-moi ce qui est dans le livre. FRERE DOMINIQUE Tous ces grands hommes qui t ont condamnée, ces docteurs et ces savants, Malvenu, Jean Midi, Coupequesne et Toutmouillé, ils croient dur au Diable, mais ils ne veulent pas croire à Dieu. Le Diable, c est une réalité les Anges, c est une bêtise. Le Diable que tu détestais, il t a aidée les Anges que tu invoquais, ils n ont rien fait. Et criminelle des deux côtés ils te condamnent de l une et l autre main. Telle est la sagesse de la Sorbonne. Tels sont ces illustres docteurs qui donnent des nazardes au Pape. JEANNE Mais moi, la pauvre pastoure de Domrémy, comment est-ce que je suis venue jusqu ici? FRERE DOMINIQUE Tu y es venue par l opération du jeu de cartes qu un roi fou a inventé. JEANNE Qu est-ce que c est que le jeu de cartes? FRERE DOMINIQUE On va te l expliquer. Scène VI Les rois ou l’invention du jeu de cartes HERAUT I (expliquant) Le jeu de cartes comprend quatre Rois, quatre Dames et quatre Valets. HERAUT II Sans compter les Chiffres qui sont sept. HERAUT I Le résultat de la partie est que les Rois chan gent de place. HERAUT II Ce qui était au midi va au nord. HERAUT I Ce qui était au levant va au couchant. Ça tourne. HÉRAUT II Quant aux Reines, elles ne changent pas de place, elles sont toujours là. HERAUT I Faites entrer Leurs Majestés! HERAUT III (Annonçant) Le Roi de France! (Entre le Roi de France qui va s’asseoir sur un trône.) Sa Majesté la Bêtise! (Entre la Bêtise.) Le Roi d Angleterre! (Entre le Roi d’Angleterre, un enfant.) Sa Majesté l Orgueil! (Entre l’Orgueil) Le Duc de Bourgogne! (Entre le Duc de Bourgogne.) Sa Majesté l Avarice! (Entre l’Avarice.) HERAUT II Et quel est le quatrième Roi? HERAUT I Dans toutes les parties de cartes il y a un mort. HERAUT III (Annonce à la porte) La Mort! (Entre la Mort.) HERAUT I Et voici maintenant sa compagne et très fidèle épouse, celle qui partage son lit. HERAUT III Sa Majesté la Luxure! (Entre la Luxure) HERAUT I Les Rois changent de place, mais les Reines, Sa Majesté l Orgueil, Sa Majesté la Bêtise, Sa Majesté l Avarice, Sa Majesté la Luxure, ces Majestés ne changent pas de place, elles restent toujours avec nous. HERAUT II Mais ceux qui jouent réellement la partie. ce ne sont pas les Rois, ni les Reines. ce sont les Valets. HERAUT I Faites entrer les Valets! HERAUT III Sa grâce le Duc de Bedford! Son Altesse Jean de Luxembourg! Sa Grandeur Regnault de Chartres! Guillaume de Flavy! (Ils entrent) JEANNE C est lui qui a baissé la herse derrière moi à Compiègne. HERAUT I Le jeu commence, il comprend trois parties. (Sonnerie de trompettes – Musique de vielle Il commence le jeu. Chaque de côté boîte de prises, deux autres carrés un de décoratifs chevaliers et autres de paysans ; c est-à-dire trois donnant Cannée et celui qui les reçoit) Première Partie REGNAULT DE CHARTRES J ai perdu, je veux dire que j ai gagné. BEDFORD J ai gagné, je veux dire que j ai perdu. Deuxième Partie GUILLAUME DE FLAVY La carte maîtresse. JEAN DE LUXEMBOURG Je coupe! Troisième Partie REGNAULT DE CHARTRES J ai gagné! DUE DE BEDFORD J ai perdu! GUILLAUME DE FLAVY J ai perdu, j ai de l argent plein les poches. JEAN DE LUXEMBOURG J ai gagné et j ai de l argent plein les poches. GUILLAUME DE FLAVY Messieurs, je vous livre Jeanne d Arc la Pucelle. BEDFORD La Sorcière! REGNAULT DE CHARTRES Bien le bonjour, Messieurs, et à l avantage de vous revoir! BASSES (sordide) Comburatur igne! Scène VII Cathérine et Marguerite (Cloches dans la nuit – des Voix) JEANNE Quelles sont ces cloches dans la nuit? FRERE DOMINIQUE Les cloches qui sonnent le glas. JEANNE Et qui invitent les bonnes âmes à prier pour Jeanne d Arc. FRERE DOMINIQUE Hérétique! Sorcière! Cruelle! Relapse! BASSES (sordide) Comburatur igne! JEANNE Merci, bonnes cloches! Mes soeurs! Mes amies! Mes voix qui s étaient tues, les voilà de nouveau qui parlent! FRERE DOMINIQUE La cloche noire et la cloche blanche! BASSES Comburatur igne! (Les deux cloches sonnent à la fois) CATHERINE De profondis clamavi ad te, Domine. MARGUERITE Spera, spira! spera, spira! Jésus! Marie! CATHERINE Libera me, Domine, de ore leonis dum veneris judicare saeculum per ignem. MARGUERITE Spera, spira! spera, spira! Jésus! Marie! BASSES Comburatur igne! JEANNE Catherine et Marguerite. Je les reconnais! La Catherine qui dit "De Profundis" et la Marguerite bleue et blanche dans le ciel qui dit "Papa! Maman!" Comme je les écoutais jadis à Domrémy, la Catherine et la Marguerite! Jésus! Marie! J ai écrit ces deux noms sur ma jolie bannière bleue et blanche. Jésus! Marie! Catherine! Marguerite! Et moi; ce petit bout de femme dans les orties et les boutons d or, si ébahie qu elle oubliait de manger sa tartine. CATHERINE, MARGUERITE (Soudain violent) Jeanne! Jeanne! Jeanne! Fille de Dieu, va! va! va! JEANNE J irai! J irai! Je vais! Je suis allée! Où est ma bonne épée! CATHERINE, MARGUERITE Jeanne! Jeanne! Jeanne! Prends le Roi! Ramène le Roi de France! JEANNE C est fait! Je le tiens! J ai pris son cheval par labride! Je ramène mon gentil Roi! Je le ramène à travers la forêt! Je le ramène à travers la France! Scène VIII Le roi qui va-t-a rheims. (Cloches dans le lointain) CHŒUR (dans la lointain) VOIX D’ENFANTS (plus proches) Voulez-vous manger des cesses? Voulez-vous manger du flan? Quand irons-nous à Liesse? Quand irons-nous à Laon? BASSES La! la! la! la! LES AUTRES (Dans le tumulte) Heurtebise! Heurtebise! (Entre un cortège rustique escortant le Géant Heurtebise, qui n’est pas autre chose qu’un moulin à vent avec un grand chapeau de paille effilochée et une meule sous le bras comme une miche) Chanson D’Heurtebise CHŒUR Blanche ou grise Heurtebise Trouve que la farine altère, Heurtebise, mon compère, Qu as-tu fait de ta ménagère? Tout habillé de toile écrue Lustucru! Au prix de son beau blé jaune Réclame du vin de Beaune. Heurtebise, mon compère, Qu as-tu fait de ta ménagère? Tonneaux! tonneaux! tonneaux! la v là qu arrive par la Saône La Mère aux Tonneaux de Beaune, Tonneaux! tonneaux! tonneaux! CHANSON DE LA MERE AUX TONNEAUX Le vin de Beaune et de Troyes Le v là qu arrive tout droit. Heurtebise, mon compère, T as retrouvé ta commère. Nous avons bu trop de bière! Il nous faut du vin joli! Heurtebise, mon ami, Tu n auras plus la pépie! Heurtebise, c est fini De ce bouton sur la langue, Heurtebise, c est fini De rage et d esquinancie! (Heurtebise et la Mère aux Tonneaux se saluent solennellement.) HEURTEBISE (avec l’accent picard) Mère aux Tonneaux, il y a longtemps que je vous ai vue. LA MERE AUX TONNEAUX (avec l’accent de Bourgogne) Heurtebise, mon époux, vous avez bien mauvaise mine, mon pauvre, depuis l temps autrefois jadis que je vous ai pas vu. HEURTEBISE Madame Tonneaux, mon épouse, je vous apporte de la bonne galette au lard de Picardie. LA MERE AUX TONNEAUX Heurtebise, mon époux, qui virez à tous les vents, je vous apporte quelque chose qui vous fera t nir tranquille. HEURTEBISE Tonneaux, Tonneaux, ma femme! Tonneaux, Tonneaux, ma femme! Le bon pain de France et le bon vin de France, désormais, i ne faut plus qui soient séparés. LA MERE AUX TONNEAUX Heurtebise, mon ami, vous dites une bonne chose, et alors je vais vous embrasser. (Ils dansent grotesquement) CHŒUR ET VOIX D ENFANTS Vive Heurtebise! Vive la Mère aux Tonneaux! (Danse) Voulez-vous manger des cesses? etc. LE CLERC (se dressant tout droit au milieu d’eux comme une chandelle noire) Paysans! Croquants! Rustres agrestes et grossiers! N avez-vous point vergogne de vous réjouir ainsi comme des païens en cette santie veille de Noël pendant que le Roi Notre Seigneur se rend à Rheims pour y être consacré de la Main des Anges? UN PAYSAN Et c’est-i pas le moment de boire un petit coup parce qu’Heurtebise a retrouvé Jean Raisin, et que la moitié de la France sur son coeur a retrouvé l’autre moitié? UN AUTRE Surtout qu’i fait rudement frisquet, on peut le dire, à rester tout gelés comme ça à attendre. Un petit coup de vin, un petit air de danse, ça ne fait de mal à personne. LE CLERC La forêt elle-même pour se préparer aux mystères de cette sainte nuit s’est couvert la tête d’un voile blanc. Et vous autres, préparez vos coeurs au mystère qui va s’accomplir. UN PAYSAN Oh! Perrot, là-haut! oh! Perrot, là-haut! est-ce que tu vois quèqu’chose? PERROT, DU HAUT DE L’ARBRE Je vois une petite lumière CHŒUR Le Roi! Le Roi de France! LE CLERC Allons, mes enfants! Venez tous autour de moi et répétons tous ensemble cette belle antienne de latin tout blanc que je vous ai apprise. La terre a étendu un grand tapis de neige sous les pieds du Roi Notre Sire. Et nous de la Loire jusqu’à Rheims il faut que nous étendions un grand tapis de prières. (La flûte exécute l air “Aspiciens a longe”) Aspiciens a longe. Vous comprenez c’est le peuble Juif qui attend Le Messie comme nous le Roi notre Sire. Aspiciens a longe. Regardant de loin là-bas dans la distance la main au dessus des yeux et tout est plein d’obscurité et de confusion. CHŒUR Aspiciens a longe, ecce video Dei potentiam venientem et nebulam totam terram tegentem. VOIX D ENFANTS Ite obviam ei et dicite BASSE SOLO Nuntia nobis si tu es ipse… CHŒUR …qui regnaturus es in populo Israël. Rhythme de la marche royale (Loin) VOIX DE PERROT La v la qu arrive! Le Roi! Le Roi de France! (Trompettes et cris à distance) TOUTS Le Roi qui va-t-à Rheims! (Une partie de l auditoire se précipite vers le bas, où une procession à l emblème de cheval éclairé par des torches. La flûte prend plus doucement El tema « Aspiciens a longe »…) LE CLERC Qui regis Israël. CHŒUR Nuntia nobis si tu es ipse. (Le cortège à cheval s’éloigne et s’éteint.) CHŒUR Voulez-vous manger des cesses? Voulez-vous manger du flan? Quand irons-nous à Liesse? Quand irons-nous à Laon? LE CLERC (achevant l’antienne) Qui regnaturus es in populo Israël. JEANNE C est moi qui ai fait cela! FRERE DOMINIQUE C est! Dieu! C est Dieu qui a fait cela! JEANNE C est Dieu! C est Dieu avec Jeanne! Les voix ne m avaient pas trompée! Catherine et Marguerite, elles ne m ont pas trompée! CHŒUR Coupequesne, Jean Midi, Toutmouillé, Malvenu. Ils déclarent que tu t es trompée. JEANNE Le Roi ne voulait pas venir et c est moi qu ai pris son cheval par la bride. CHŒUR Sorcière! Cruelle! Hérétique! Schismatique! Homicide! Relapse! Imposture! Hystérique! Prostituée! JEANNE C est moi que l ai amené à travers toute la France! CHŒUR Pereat Stryga! (Crescendo) JEANNE C est moi qui l ai amené à Rheims! CHŒUR Morte moriatur! JEANNE C est moi qui ai sauvé la France! C est moi qui ai réuni la France! Toutes les mains de la France en une seule main! Un telle main qu elle ne sera plus divisée! CHŒUR Comburatur igne! FRERE DOMINIQUE Jeanne! Jeanne! Jeanne! Est-ce pour un Roi de chair que tu as donné ton sang virginal? Scène IX L’épée de Jeanne (Le jour se lève) MARGUERITE (dans la ciel) Spera! Spira! Spera! Spira! Spera! Spira! JEANNE J entends Marguerite dans le ciel mélangée à l exalation des rossignols et les douces petites étoiles à la voix de cette active soeur sacristine s éteignent l une après l autre. CHŒUR (a bocca chiusa pendant le dialogue suivant) FRERE DOMINIQUE Les pages de nuit, de sang, d outre-mer et de pourpre se sont effeuillées sous mes doigts et il ne reste plus sur le parchemin virginal qu une initiale dorée. JEANNE Que c est beau cette Normandie toute rouge et rose, toute rouge de bonheur, toute rose d innocence qui se prépare à faire avec moi la sainte communion dans l étincelante rosée! Que c est beau pour Jeanne la Pucelle de monter au ciel au mois de mai! Que tu es belle, ô ma belle Normandie, mais que dirais-tu, Frère Dominique, si, Marguerite et moi, nous pouvions t expliquer notre Lorraine? FRERE DOMINIQUE Parle, Jeanne, car je sais qu il ya des choses qu une petite fille peut m expliquer, moi, qui, ceint de fer et de cuir et les yeux fermés ai marché de bonne heure dans les sentiers de la pénitence. JEANNE Et que puis-je t expliquer, quand il y a encore au ciel une douzaine d étoiles au moins qui en savent plus que moi? FRERE DOMINIQUE Explique-moi ton épée! Est-ce vrai que tu as trouvé ton épée, cette terrible épée devant laquelle se sauvaient Anglais et Bourguignons, dans une chapelle en ruines? JEANNE Non, ce n est pas une chapelle en ruines! C est a Domrémy qu on me l a donnée. Ma bannière dans la main gauche, mon épée dans la main droite, ah! qui m aurait résisté? Jhésus Marie! Jhésus Marie! MARGUERITE (dans la ciel) Jhésus Marie! Jhésus Marie! (La musique, il se lève lentement) CATHERINE Jeanne! Jeanne! Jeanne! Fille de Dieu, va! va! va! JEANNE Je vais! Je vais! J irai! Je suis allée! FRERE DOMINIQUE A qui est-ce que tu parles ainsi? JEANNE Es-tu sourd? N entends-tu pas les voix qui disent Jeanne! Jeanne! Jeanne! Fille de Dieu, va! va, va! Ah, ce n est plus sorcière maintenant qu elles disent, c est mon petit nom de chrétienne, celui que j ai reçu au baptême, Jeanne! Ce n est plus hérétique et relapse et je ne sais quoi, et tous ces vilains noms. C est fille de Dieu! C est beau d être la fille de Dieu! Et ce n est pas seulement Catherine et Margherite, c est tout le peuple ensemble des vivants et des mort qui dit fille de Dieu! Jeanne! Jeanne! Fille de Dieu, va! va! va! Bien sûr que j’irai! CATHERINE, MARGUERITE, CHŒUR (Doucement et affaiblissement) Jeanne! Jeanne! Jeanne! Fille de Dieu, va, va, va! FRERE DOMINIQUE Mais tu ne m as pas expliqué l épée. JEANNE Mais pour que tu comprennes l épée, frère tondu, il faudrait que tu sois une petite fille Lorraine! Je peux pas faire de toi une petite fille Lorraine! Je peux pas te prendre la main et t amener avec nous pour chanter Trimazo avec Aubin et Rufin! VOIX D ENFANTS Trimazo! JEANNE Écoute ce qu ils disent! UNE VOIX D ENFANT En revenant de ces verts champs, j avons trouvé les blés si grands les aubépines fleurissant devant Dieu. JEANNE Écoute! Écoute! VOIX D ENFANTS Quand vous couchez vot bel enfant que Dieu le garde à son coucher et à tout heure de la journée devant Dieu. C est le Mai, mois de Mai, c est le joli mois de Mai! Un petit brin de vot farine, un petit oeuf de vot géline, c est pas pour boire ni pour manger, c est pour avoir un joli cierge, pour y lumer la Sainte Vierge, devant Dieu. CORO (bocca chiusa) JEANNE As-tu compris, frère Dominique? Ah, moi! Il n y a pas eu besoin de Coupequesne et Toutmouillé pour me l expliquer! C est le tilleul devant la maison de mon père, comme un grand prédicateur en surplis blanc dans le clair de lune, qui m a tout expliqué! VOIX D’ENFANTS C’est le Mai, mois de Mai, C’est le joli de Mai! FRERE DOMINIQUE Explique, et moi j écoute. JEANNE Quand il fait bien froid en hiver et que le froid et la gelée resserrent tout et on dirait que tout est mort, et les gens sont morts de froid et il y a de la neige et la glace sur tout comme un drap, et comme une cuirasse… et on croit que tout est mort et que tout est fini. BASSE SOLO (Au loin) Mais il y a l espérance qui est la plus forte. JEANNE On croit que tout est fini, mais alors il y a un rouge-gorge qui se met à chanter. MARGUERITE ET CATHERINE Fille de Dieu, va, va, va! JEANNE Il y a un mauvais petit vent venu d on ne sait où qui se met à souffler! Il y a une certaine petite pluie chaude qui se met à tomber sur vous. CHŒUR Il y a toute la forêt là-bas qui se met en mouvement! Il y a l espérance qui est la plus forte! JEANNE Et alors le temps de fermer les yeux et de compter jusqu à trois et tout est changé! Le temps de compter jusqu’à quatre, et tout est changé! MARGHERITE, CATHERINE, SOPRANOS Fille de Dieu, va! va! va! JEANNE Tout est blanc! tout est rose! tout est vert! CHŒUR Il y a toute la forêt là-bas qui se met en mouvement! JEANNE Celui qui voudrait empêcher les mirabelliers de fleur il faudrait qu il soit bien malin! Celui qui voudrait empêcher les cerisiers de ceriser, tellement que tout est plein de belles cerises… Mon père dit qu il faudrait qu il se lève matin de bonne heure! C est alors que Catherine et Marguerite se mettent à parler. BASSES Coupequesne-Jean Midi-Malvenu -Toutmouillé. Ils disent que tu t est trompée! JEANNE Et quand Jeanne au mois de Mai monte sur son cheval de bataille, il faudrait qu il soit bien malin celui qui empêcherait toute la France de partir! Les entends-tu ces chaînes de tous les côtés, qui éclatent et qui cassent? Ah! ces chaînes que j ai aux mains, elles me font rire! Je ne les aurai mie toujours! On a vu ce que Jeanne peut faire avec une épée. La comprends-tu maintenant, cette épée que Saint Michel ma donnée? Cette épée! Cette claire épée! Elle ne s appelle pas la haine, elle s appelle l amour! VOIX D ENFANTS Madame, nous vous remercions De vos bonnes intentions, Nous prions Dieu dans vot maison Aussi quand nous en sortirons. Devant Dieu. CATHERINE Rouen! Rouen! Rouen! JEANNE Rouen! Rouen! Tu as brûlé Jeanne d Arc, mais je suis plus forte que toi et tu ne m auras mie toujours! BASSES Jean Midi, Coupequesne, Toutmouillé, Malvenu. SOPRANOS, ALTOS Fille de Dieu, va!va!va! JEANNE Il y a l espérance qui est la plus forte! MARGUERITE Ah! JEANNE Il y a la foi qui est la plus forte! CHŒUR Il y a l’espérance qui est la plus forte! Il y a la joie qui est la plus forte! Fille de Dieu, va, va, va! MARGUERITE ET CATHERINE Fille de Dieu, va, va, va! MARGUERITE Spira! Spera! JEANNE Il y a Dieu! Il y a Dieu qui est le plus fort! VOIX D ENFANT C est le Mai, le mois de Mai, C est le joli mois de Mai! Scène X Trimazo JEANNE Un petit brin de vot farine, Un petit oeuf de vot géline, une petite larme pour Jeanne! une petite prière pour Jeanne! une petite pensée pour Jeanne! C est pas pour boire ni pour manger, C est pour aider avoir un cierge, Pour y lumer la Sainte Vierge. C est moi qui vais faire le joli cierge. Scène XI Jeanne d’arc en flammes LA VIERGE (au-dessus, sur le pilier de Jeanne) J accepte cette flamme pure. (Cependant dès les scènes précédentes la foule lentement s’est rassemblée devant l’échafaud hommes, femmes et enfants, formant transition avec le Choeur et le Public. Chœur divisé en différents Demi choeurs. Lecture) DEMI CHŒUR I C est écrit Jeanne - c est écrit sorcière - c est écrit hérétique – ennemie de tout le monde – c’est écrit - c’est écrit! DEMI CHŒUR I Jeanne la Sainte! Jeanne la Vierge! Jeanne la Pucelle! CHŒUR C est bien fait! C est elle qui a fait tout le mal! C est bien fait! De quoi c est qu elle s est mêlée? C est bien fait! Sans elle on serait tranquille! C est bien fait! C est elle qui a battu les Anglais! C est elle qui a ramené notre Roi à Rheims! Avec le secours du Diable! Avec le secours de Dieu! Qui est cette Jeanne au juste? Et si elle est de Dieu ou du Diable… Le feu va en décider. (à voix basse) Loué soit notre frère le feu qui est sage, fort, vivant, ardent, acéré, incorruptible. Loué soit notre frère le feu qui est savant à séparer l âme de la chair et de l esprit la cendre! JEANNE Eh quoi! Mon peuple, peuple de France! Il est vrai, Il est vrai que tu veux me brûler vive? LE PEUPLE Elle se réveille comme d’un rêve! JEANNE Et ce prêtre qui était là tout à l heure et qui me tenait à lire ce livre où je lisais? Il n est plus là, il me quitte, il est descendu. il n est plus là et je suis seule. LA VIERGE (au-dessus d’elle) Jeanne, Jeanne, tu n es pas seule! JEANNE J entends une voix au-dessus de moi qui dit “Jeanne, Jeanne, tu n es pas seule!”. LE PEUPLE Jeanne, Jeanne, tu n es pas seule! Il y a ce peuple en bas qui te regarde! JEANNE Je ne veux pas mourir! LE PEUPLE Elle dit qu’elle ne veut pas mourir! JEANNE J ai peur! LE PEUPLE Elle dit qu elle a peur. Ce n est qu une enfant après tout. Ce n était qu une pauvre enfant. Elle dit qu elle a peur UN PRETRE Signe donc! Signe ce papier! Avoue, avoue que tu as menti! JEANNE Et comment signerais-je lorsque mes mains sont liées? UN PRETRE On va t enlever tes chaînes. JEANNE Il y a d autres chaînes plus fortes, qui me retiennent. UN PRETRE Et quelles chaînes plus fortes? JEANNE Plus fortes que les chaînes de fer, les chaînes de l amour! C est l amour qui me lie les mains et qui m empêche de signer. C est la vérité qui me lie les mains et qui m empêche de signer. Je ne peux pas! Je ne peux pas mentir! LA VIERGE Jeanne, Jeanne, confie-toi donc au feu qui te délivrera! CHŒUR Loué soit notre frère le feu qui est pur, ardent, vivant, pénétrant, acéré, invincible, irrésistible, incorruptible. Loué soit notre frère le feu qui est puissant à rendre l esprit à l esprit et cendre cendre, ce qui est cendre à la terre. JEANNE Mère! Mère au-dessus de moi! Ah! J ai peur du feu qui fait mal! CHŒUR Loué soit notre frère le feu qui est sage, fort! Loué soit notre frère le feu qui est savant à séparer l’âme de la chair. Jeanne au-dessus de Jeanne! Flamme au-dessus de la flamme! LA VIERGE Tu dis que tu as peur de feu et déjà tu l as foulé aux pieds. JEANNE Cette grande flamme, cette grande flamme horrible, c est cela qui va être mon vêtement de noces? LA VIERGE Mais est-ce que Jeanne n est pas une grande flamme elle même? Ce corps de mort est-ce qu il sera toujours puissant à retenir ma fille Jeanne? CHŒUR Louée soit notre soeur la flamme qui est pure, forte, vivante, acérée, éloquente, invincible, irrésistible! Louée soit notre soeur la flamme qui est vivante! Louée soit notre soeur Jeanne qui est Sainte, droite, vivante, ardente, éloquente, dévorante, invincible, éblouissante! LA VIERGE Le Feu, est-ce qu il ne faut pas qu il brûle? Cette grande flamme au milieu de la France, est-ce qu il ne faut pas, qu elle brûle? CHŒUR Louée soit nottre soeur Jeanne qui est debout toujours comme une flamme au milieu de la France! LA VIERGE, MARGUERITE, CATHERINE (du ciel, avec une tendresse) Jeanne! Jeanne! Jeanne! Fille de Dieu! Viens! Viens! Viens! JEANNE Ce sont ces chaînes encore qui me retiennent! CHŒUR Il y a la joie qui est la plus forte! Il y a l amour qui est le plus fort! Il y a Dieu qui est le plus fort! JEANNE Je viens! Je viens! J ai cassé! J ai rompu! (Elle rompt ses chaînes.) CHŒUR La chaîne qui reliait Jeanne à Jeanne! La chaîne qui reliait l âme au corps! JEANNE Il y a la joie qui est la plus forte! Il y a l amour qui est le plus fort! MARGUERITE (dans le ciel) Hi…! Ah…! JEANNE Il y a Dieu qui est le plus fort! CATHERINE, ENFANTS (dans le ciel) Personne n a un plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu il aime. LA VIERGE, MARGUERITE, CATHERINE APRES CHŒUR (sur la terre) (comme si elles épelaient une inscription) Personne n a un plus grand amour – que de donner sa vie pour ceux qu il aime. (Plus faible et plus solennelle, comme s ils meditasen le sens) Personne n a un plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu il aime. PROLOGUE (Une scène à deux étages réunis par un escalier assez raide. Sur la scène II un bûcher et au milieu du bûcher un poteau auquel Jeanne est attachée par des chaînes. Pendant la première scène obscurité complète) CHŒUR (sotto voce) Ténèbres! Ténèbres! Ténèbres! Et la France était inane et vide, et les tenèbres couvraient la face du royaume. Et l Esprit de Dieu sans savoir où se poser planait sur le chaos des âmes et des coeurs, sur le chaos des âmes et des volontés sur le chaos des consciencies et des âmes. SOPRANO Du fond de l engloutissement j ai élevé mon âme vers toi, Seigneur! Ah Seigneur, si vous tardez encore, qui sera capable de vous soutenir? CHŒUR Ténèbres! Ténèbres! Ténèbres! Et la France était inane et vide, et les tenèbres couvraient la face du royaume. Toi, de la gueule du lion et de la main des unicornes, sauve-nous, Eli, Fortis, Ischyros! RÉCITANT Il y eut une fille appelée Jeanne! CHŒUR Il y eut une fille appelée Jeanne! Il y eut une fille appelée Jeanne! Qui, qui, qui a jamais ouï dire une telle chose? Qui, qui, qui a jamais entendu rien de pareil? Il y eut une fille appelée Jeanne! Est-ce que la terre enfantera en un seul jour? Et tout un peuple sera-t-il engendré dans un même temps? Du fond de l engloutissement j ai élevé mon âme vers toi, Seigneur! RÉCITANT Il y eut une fille appelée Jeanne! CHŒUR Fille de Dieu, va! va! va! RÉCITANT Est-ce que la France va être déchirée en deux pour toujours? CHŒUR Fille de Dieu, va! va! va! RÉCITANT Ce que Dieu a uni, que l homme ne le sépare pas! CHŒUR Fille de Dieu, va! va! va! Cet amour qui nous unit à nos frères. Qui! Qui! Qui sera capable de nous en séparer? Pas la violence, ni le découragement, ni la fraude, et ni l altitude, ni la profondeur… RÉCITANT Il y eut une enfant appelée Jeanne! CHŒUR Et la France était inane et vide et les ténèbres couvraient la face du royaume. De profundis clamavi ad te, Domine, Domine, quis sustinebit? RÉCITANT Il y eut une vierge appelée Jeanne. Scène I Les voix du ciel (On entend un chien hurler dans la nuit. Une fois. Deux fois. A la seconde fois l’orchestre se mêle au hurlement en une espèce de sanglot ou de rire sinistre. A la troisième fois les choeurs. Puis silence. Puis les Voix de la nuit sur la forêt à quoi se mêle peut-être, très faiblement, la chanson de Trimazô et une impression limpide de rossignol. Puis silence et quelques mesures de méditation douloureuse. Puis de nouveau le choeur à bouches fermées. Crescendo. Diminuendo. Puis les Voix, distinctes) CHŒUR Jeanne! Jeanne! Jeanne! Scène II Le livre (Jeanne à demi assise et agenouillée au pied du poteau éclairée par un réflecteur. Entre au pied du bûcher Frère Dominique tenant un livre.) FRÈRE DOMINIQUE Jeanne! Jeanne! Jeanne! JEANNE Qui m appelle? Qui est-ce qui m appelle? Qui est-ce qui a dit Jeanne? (Les voix s estompent progressivement à l imperceptible. Le Réflecteurs sur Fray Domingo) FRERE DOMINIQUE Ne me reconnais-tu pas? JEANNE Je reconnais l habit de Dominique, la robe blanche et le manteau noir. FRERE DOMINIQUE Ma robe blanche que mes frères de Paris et de Rouen ont souillée d une telle souillure que ni la soude, ni l herbe à foulon ne suffiront à l effacer. JEANNE Frère Dominique, la bonté de Dieu y suffira, et le sang de cette fille innocente. FRERE DOMINIQUE Jeanne, ma soeur, ainsi tu m as reconnu? JEANNE Frère, frère Dominique, nous sommes des animaux de la même laine! Et moi, je suis quelqu un dans le troupeau qui reconnait la voix de son conducteur. FRERE DOMINIQUE Puisque mes frères et mes fils m ont trahi; puisque ceux qui devraient être la puissante voix du Vrai se sont faits à contre-Dieu tes accusateurs et tes bourreaux, Jeanne. Puisque la parole entre ces mauvais doigts entremêlés est devenue grimoire, c est moi-même, Dominique, moi, Dominique, qui du ciel suis descendu vers toi avec ce livre. JEANNE Dominique, frère Dominique, tous ces temps, tous ces temps que voici j ai vu beaucoup de plumes à l oeuve autour de moi. FRERE DOMINIQUE Tout cela a fait un livre. JEANNE Cette voix terrible qui me questionnait et toutes ces plumes sans relâche autour de moi. Tout cela a fait un livre et moi, je ne sais pas lire. FRERE DOMINIQUE Le livre que je t apporte pour le comprendre, il n y a pas besoin de savoir ni A ni B. Ce paquet de mots que ces Limousins sur la terre ont ficelé dans le latin de Fouarre; cette procédure qu ils ont pétrie dans le patois de Coutances, les Anges pour tous les temps l ont traduit dans le ciel. JEANNE Lis donc, Frère, au nom de Dieu, pour moi et moi, je regarde par dessus ton épaule. FRÈRE DOMINIQUE (faisant le signe de la croix) Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il. CHŒUR Ainsi soit-il. (Fray Domingo se trouve sur le premier barreau de l échelle. Jeanne fait le signe de la croix avec ses mains enchaînées) Scène III Les voix de la terre FRERE DOMINIQUE (lisat) Jeanne! Jeanne! Jeanne! Hérétique! Sorcière! Relapse! Ennemie de Dieu. Ennnemie du Roi. Ennemie du Peuple. Qu on l enlève, qu on la tue, qu on la brûle! JEANNE Hérétique! Sorcière! Relapse! Frére Dominique! Tout cela, c est Jeanne d Arc? Est-ce vrai? Est-ce moi qui suis tout cela? CHŒUR Hérétique! Sorcière! Relapse! Jeanne! Jeanne! Jeanne! JEANNE Eh quoi! Ces prêtres que je vénérais, ce pauvre peuple que j aimais. Leur Jeanne, leur pauvre enfant avec eux c est vrai qu ils veulent la brûler? C est vrai qu ils me brûler… CHŒUR Assez! Assez! Assez! Jeanne! Jeanne! Jeanne! Qu on l enlève, qu on la tue, qu on la brûle! Hérétique! Sorcière! Relapse! FRERE DOMINIQUE Tu as entendu les voix du ciel, et maintenant écoute en bas ce qu ils en ont fait; écoute ce qu ils en ont retenu. Écoute les voix de la terre! BASSE SOLO (à la Bach) Mulier spiritum pythonis habens, anima quaedeclinaverit ad magos et ariolos et fornicatafuerit cum eis… CHŒUR (violemment) Joanna! BASSE SOLO (de même) Ponam, ponam faciem meam contra eam et interficiam eam de medio populi mei! CHŒUR (violemment) lex est! TENOR SOLO (Impérieuse) Joanna! CHŒUR Hic, hic, hic, hic, hic est Joanna. Hic est Joanna peccatrix! TENOR SOLO Stryga! CHŒUR Pereat! TÉNOR SOLO Haeretica! CHŒUR Pereat! TÉNOR Relapsa! CHŒUR Pereat! TENOR Malis artibus addicta! Inimica Regis et Populi! CHŒUR Morte moriatur! TÉNOR Prostibulum inferni! Instrumentum Satanae! CHŒUR Comburatur igne! JEANNE C est vrai! C est vrai! Je me souviens! Le feu qui brûle! Cette fumée qui étouffe! Oh comme cela fait mal! Prêtres! Prêtres de Jésus Christ! C est vrai que je faisais tant de mal? C est vrai que vous la détestiez tellement, votre pauvre Jeanne? CHŒUR (Sourdement) Pereat! FRERE DOMINIQUE Non, Jeanne, ce ne sont pas des prêtres qui t ont jugée. Quand ces bêtes féroces se sont réunies autour de toi, la rage au coeur et l écume aux crocs, ces prêtres, ces politiques, l Ange du Jugement qui tient les hautes balances d un soufflet il a fait tomber de leurs têtes et de leurs épaules la mitre, le capuchon et le froc. (Entrent les Juges en bottes dans un coin.) Les voici dépouillés comme des forçats! Qu ils reçoivent la coiffure qui leur est appropiée! Ils faut que Jeanne comme jadis ses soeurs sur l arène de Rome soit livrée aux bêtes! L élue de Dieu, la Sainte de Dieu. Ce ne sont pas des prêtres, ce ne sont pas des hommes, ce sont des bêtes qui vont la juger. Scène IV Jeanne livrée aux bêtes. (Entre l’appariteur avec plusieurs serviteurs portant les défroques, les masques et les coiffures) LE HERAUT (coup de trompette) La Cour! Faites silence! L APPARITEUR Qui sera le Président? LE HERAUT Le Tigre! CHŒUR Le Tigre! L APPARITEUR Le Tigre se récuse. LE HERAUT Le Renard! CHŒUR Le Renard! L APPARITEUR Le Renard dit qu il est malade. LE HERAUT Le Serpent! CHŒUR Le Serpent! L APPARITEUR Le Serpent s est sifflé lui-même au fond d un trou. LE HERAUT Mais alors il n y a personne pour présider? CHŒUR Mais alors? Si! Si! Si! fait! Il y a quelqu un! L APPARITEUR Qui est-ce? Qui se propose pour juger Jeanne d Arc? PORCUS Moi! Moi! Moi! Moi! Je me propose pour juger Jeanne d Arc. L APPARITEUR Qui êtes-vous? Comment vous appelez-vous? PORCUS Ego nominor Porcus. Je m appelle Cochon. Moi! Moi! Je suis le Cochon. CHŒUR Porcus! Porcus! Roin! Roin! Sit Porcus praeses noster! Non habemus alium judicem nisi Porcum. Vivat et semper vivat Porcus porcorum! Dignus, dignus est praesidere in nostro praeclaro corpore! Roin! Roin! Sicut lilium inter spinas, ita formosus iste inter cucullos! Quis enim dedit nobis patatas? Ceciderunt stellae de coelo et factae sunt pro nobis patatae? Ecce quam bonum et jucundum est habitare fratres in unum, omnes comedentes patatas. Quis judex sicut Porcus Dominus noster? Hic est Nasus inter nasos dijudicans truphas et patatas. Sternutatio ejus splendor ignis. PORCUS Moi! Moi! Je suis le Cochon! CHŒUR Porcus porcorum! Roin! Roin! Vivat et semper vivat Porcus praeses noster! (L’ Appariterr coiffe Porcus d’une tête de cochon- Le président ouvre la séance) L APPARITEUR Qui sont les assesseurs? CHŒUR Bée! bée! bée! (Tout avance à la fois) L APPARITEUR Qui êtes-vous? CHŒUR Ego nominor Péééééécus. L APPARITEUR Pecus de pecore, prenez-place à droite et à gauche et recevez vos insignes. (On les coiffe de têtes de mouton.) Et maintenant, où est le greffier? L ANE C est moi, l Âne! Asinus adest. (Vient le âne. Immense éclat de rire dans le choeur se terminant par des sanglots.) CHŒUR Ha! ha! ha! ha! ÂNE CHŒUR (comme aux fêtes de l’Âne au Moyen Age) BASSES, ENSUITE SOPRANOS Ecce magnis auribus Adventavit Asinus, Pulcher et fortissimus Sarcinis aptissimus. LES AUTRES Hé Sire Âne, ça chantez, Belle bouche rechignez, Vous aurez du foin assez, Et de l avoine à planté, Hi ha!, hi ha!, hi ha! PORCUS Faites entrer l accusée! (Entre Jeanne enchaînée.) Jeanne, successit illi praeclaro tribunali, je veux dire qu après de longs efforts ce sage et illustre tribunal a enfin réussi par des moyens tour à tour sauves et sévères, et par de patientes et ingénieuses interrogations tant physisques que morales, à éliciter la vérité du fond d une volonté égarée et d un coeur pervers. (Le Chœur d âne éclate soudain de rire) CHŒUR Ecce magnis auribus! LE HERAUT Silence! PORCUS Et maintenant il a plu au Roi de France et d Angleterre, notre légitime souverain… (Tous les lieu, renforcer leurs fausses têtes et retourner se pour asseoir) … De te convoquer ici pour entendre ta juste sentence. Tu vas ouir par quelles industries, dans sa grande miséricorde cette Cour sage et illustre que moi, Cochon, je préside… (Tous les lieu, saluent et revenir s asseoir) … A décidé de te débarrasser grâce à la flamme claire du feu de ce noir démon à laquelle tu t es criminellement enchevêtrée. Mais auparavant nous voulons encore une fois de ta bouche cet aveu solennel qui est nécessaire à la sécurité de nos consciences. À genoux! (Jeanne s agenouille) Joanna, filia Romae, faterisne et confiteris te tenerrimam puellam non naturali auxilio victoriam de manibus Regis Nostri… (Tous les lieu, saluent ) … Evulsisse et fortes exercitus ejus sicut paleam in probrosissimam fugam versisse? Traduisez! L ANE Jeanne, reconnais-tu que ce n est pas par tes propres forces et des moyens naturels que tu es venue à bout des Anglais? JEANNE Je l avoue! CHŒUR Elle avoue! PORCUS Écrivez! (Le notaire écrit) Joanna, filia Romae, faterisne et confiteris te auxilio Diaboli potentissimi alapum dedisse Regi Nostro et fortes exerci tus ejus in probrosissimam fugam versisse? Traduisez! L ANE Jeanne, reconnais-tu que c est par l aide du Diable, très puissant Notre Seigneur… (Tous font le geste de se lever.) PORCUS Assis! Assis! Quels idiots! Assis au nom du Diable! (Il arrache le papier des mains de l’Âne.) Jeanne, reconnais-tu que c est par l aide du Diable que tu as tout fait? JEANNE Je dis Non! PORCUS Qu est-ce qu elle dit? L ANE Elle dit qu elle dit oui! PORCUS Écrivez qu elle a dit oui. Et maintenant je vais consulter le tribunal. (S’adressant à droite au premier assis) Pecus, quid dicis? PECUS Bée, bée, bée, bée! PORCUS (s’adressant à gauche de même) Pecus, quid dicis? CHŒUR (a cappella) Bée, bée, bée! L ANE Habemus confitentem reum. PORCUS Docti et sancti fratres, sic vobis justum et aequum videtur ut Joanna, filia Romae, Stryga, morti condemnetur? CHŒUR (violemment) Moriatur stryga! PORCUS Fiat voluntas Regis Nostri! (Toutes salut) Audivistis sententiam. (Comme au début, montant) Stryga! CHŒUR Pereat! PORCUS Haeretica! CHŒUR Pereat! PORCUS Relapsa! CHŒUR Pereat! PORCUS Inimica Regis et totius generis humani! CHŒUR Morte moriatur! PORCUS Joanna Stryga, filia Romae! CHŒUR Comburatur igne! Scène V Jeanne au poteau (Hurlement du chien) JEANNE Quel est ce chien qui hurle dans la nuit? FRERE DOMINIQUE Ce n est pas un chien, c est Yblis le désepéré qui hurle tout seul au fond de l enfer! BASSES Hérétique! JEANNE Hérétique! BASSES Sorciére! JEANNE Sorcière! BASSES Relapse! JEANNE Relapse! BASSES Cruelle! JEANNE Cruelle! C est moi, Jeanne, qui suis tout cela? L Église, les prêtres, tout ce qu il y a au monde de respectable et de capable et de savant; c est cela, d une voix qui me condamne. Explique-moi, frère Dominique, qu est-ce que j ai fait? Lis-moi ce qui est dans le livre. FRERE DOMINIQUE Tous ces grands hommes qui t ont condamnée, ces docteurs et ces savants, Malvenu, Jean Midi, Coupequesne et Toutmouillé, ils croient dur au Diable, mais ils ne veulent pas croire à Dieu. Le Diable, c est une réalité les Anges, c est une bêtise. Le Diable que tu détestais, il t a aidée les Anges que tu invoquais, ils n ont rien fait. Et criminelle des deux côtés ils te condamnent de l une et l autre main. Telle est la sagesse de la Sorbonne. Tels sont ces illustres docteurs qui donnent des nazardes au Pape. JEANNE Mais moi, la pauvre pastoure de Domrémy, comment est-ce que je suis venue jusqu ici? FRERE DOMINIQUE Tu y es venue par l opération du jeu de cartes qu un roi fou a inventé. JEANNE Qu est-ce que c est que le jeu de cartes? FRERE DOMINIQUE On va te l expliquer. Scène VI Les rois ou l’invention du jeu de cartes HERAUT I (expliquant) Le jeu de cartes comprend quatre Rois, quatre Dames et quatre Valets. HERAUT II Sans compter les Chiffres qui sont sept. HERAUT I Le résultat de la partie est que les Rois chan gent de place. HERAUT II Ce qui était au midi va au nord. HERAUT I Ce qui était au levant va au couchant. Ça tourne. HÉRAUT II Quant aux Reines, elles ne changent pas de place, elles sont toujours là. HERAUT I Faites entrer Leurs Majestés! HERAUT III (Annonçant) Le Roi de France! (Entre le Roi de France qui va s’asseoir sur un trône.) Sa Majesté la Bêtise! (Entre la Bêtise.) Le Roi d Angleterre! (Entre le Roi d’Angleterre, un enfant.) Sa Majesté l Orgueil! (Entre l’Orgueil) Le Duc de Bourgogne! (Entre le Duc de Bourgogne.) Sa Majesté l Avarice! (Entre l’Avarice.) HERAUT II Et quel est le quatrième Roi? HERAUT I Dans toutes les parties de cartes il y a un mort. HERAUT III (Annonce à la porte) La Mort! (Entre la Mort.) HERAUT I Et voici maintenant sa compagne et très fidèle épouse, celle qui partage son lit. HERAUT III Sa Majesté la Luxure! (Entre la Luxure) HERAUT I Les Rois changent de place, mais les Reines, Sa Majesté l Orgueil, Sa Majesté la Bêtise, Sa Majesté l Avarice, Sa Majesté la Luxure, ces Majestés ne changent pas de place, elles restent toujours avec nous. HERAUT II Mais ceux qui jouent réellement la partie. ce ne sont pas les Rois, ni les Reines. ce sont les Valets. HERAUT I Faites entrer les Valets! HERAUT III Sa grâce le Duc de Bedford! Son Altesse Jean de Luxembourg! Sa Grandeur Regnault de Chartres! Guillaume de Flavy! (Ils entrent) JEANNE C est lui qui a baissé la herse derrière moi à Compiègne. HERAUT I Le jeu commence, il comprend trois parties. (Sonnerie de trompettes – Musique de vielle Il commence le jeu. Chaque de côté boîte de prises, deux autres carrés un de décoratifs chevaliers et autres de paysans ; c est-à-dire trois donnant Cannée et celui qui les reçoit) Première Partie REGNAULT DE CHARTRES J ai perdu, je veux dire que j ai gagné. BEDFORD J ai gagné, je veux dire que j ai perdu. Deuxième Partie GUILLAUME DE FLAVY La carte maîtresse. JEAN DE LUXEMBOURG Je coupe! Troisième Partie REGNAULT DE CHARTRES J ai gagné! DUE DE BEDFORD J ai perdu! GUILLAUME DE FLAVY J ai perdu, j ai de l argent plein les poches. JEAN DE LUXEMBOURG J ai gagné et j ai de l argent plein les poches. GUILLAUME DE FLAVY Messieurs, je vous livre Jeanne d Arc la Pucelle. BEDFORD La Sorcière! REGNAULT DE CHARTRES Bien le bonjour, Messieurs, et à l avantage de vous revoir! BASSES (sordide) Comburatur igne! Scène VII Cathérine et Marguerite (Cloches dans la nuit – des Voix) JEANNE Quelles sont ces cloches dans la nuit? FRERE DOMINIQUE Les cloches qui sonnent le glas. JEANNE Et qui invitent les bonnes âmes à prier pour Jeanne d Arc. FRERE DOMINIQUE Hérétique! Sorcière! Cruelle! Relapse! BASSES (sordide) Comburatur igne! JEANNE Merci, bonnes cloches! Mes soeurs! Mes amies! Mes voix qui s étaient tues, les voilà de nouveau qui parlent! FRERE DOMINIQUE La cloche noire et la cloche blanche! BASSES Comburatur igne! (Les deux cloches sonnent à la fois) CATHERINE De profondis clamavi ad te, Domine. MARGUERITE Spera, spira! spera, spira! Jésus! Marie! CATHERINE Libera me, Domine, de ore leonis dum veneris judicare saeculum per ignem. MARGUERITE Spera, spira! spera, spira! Jésus! Marie! BASSES Comburatur igne! JEANNE Catherine et Marguerite. Je les reconnais! La Catherine qui dit "De Profundis" et la Marguerite bleue et blanche dans le ciel qui dit "Papa! Maman!" Comme je les écoutais jadis à Domrémy, la Catherine et la Marguerite! Jésus! Marie! J ai écrit ces deux noms sur ma jolie bannière bleue et blanche. Jésus! Marie! Catherine! Marguerite! Et moi; ce petit bout de femme dans les orties et les boutons d or, si ébahie qu elle oubliait de manger sa tartine. CATHERINE, MARGUERITE (Soudain violent) Jeanne! Jeanne! Jeanne! Fille de Dieu, va! va! va! JEANNE J irai! J irai! Je vais! Je suis allée! Où est ma bonne épée! CATHERINE, MARGUERITE Jeanne! Jeanne! Jeanne! Prends le Roi! Ramène le Roi de France! JEANNE C est fait! Je le tiens! J ai pris son cheval par labride! Je ramène mon gentil Roi! Je le ramène à travers la forêt! Je le ramène à travers la France! Scène VIII Le roi qui va-t-a rheims. (Cloches dans le lointain) CHŒUR (dans la lointain) VOIX D’ENFANTS (plus proches) Voulez-vous manger des cesses? Voulez-vous manger du flan? Quand irons-nous à Liesse? Quand irons-nous à Laon? BASSES La! la! la! la! LES AUTRES (Dans le tumulte) Heurtebise! Heurtebise! (Entre un cortège rustique escortant le Géant Heurtebise, qui n’est pas autre chose qu’un moulin à vent avec un grand chapeau de paille effilochée et une meule sous le bras comme une miche) Chanson D’Heurtebise CHŒUR Blanche ou grise Heurtebise Trouve que la farine altère, Heurtebise, mon compère, Qu as-tu fait de ta ménagère? Tout habillé de toile écrue Lustucru! Au prix de son beau blé jaune Réclame du vin de Beaune. Heurtebise, mon compère, Qu as-tu fait de ta ménagère? Tonneaux! tonneaux! tonneaux! la v là qu arrive par la Saône La Mère aux Tonneaux de Beaune, Tonneaux! tonneaux! tonneaux! CHANSON DE LA MERE AUX TONNEAUX Le vin de Beaune et de Troyes Le v là qu arrive tout droit. Heurtebise, mon compère, T as retrouvé ta commère. Nous avons bu trop de bière! Il nous faut du vin joli! Heurtebise, mon ami, Tu n auras plus la pépie! Heurtebise, c est fini De ce bouton sur la langue, Heurtebise, c est fini De rage et d esquinancie! (Heurtebise et la Mère aux Tonneaux se saluent solennellement.) HEURTEBISE (avec l’accent picard) Mère aux Tonneaux, il y a longtemps que je vous ai vue. LA MERE AUX TONNEAUX (avec l’accent de Bourgogne) Heurtebise, mon époux, vous avez bien mauvaise mine, mon pauvre, depuis l temps autrefois jadis que je vous ai pas vu. HEURTEBISE Madame Tonneaux, mon épouse, je vous apporte de la bonne galette au lard de Picardie. LA MERE AUX TONNEAUX Heurtebise, mon époux, qui virez à tous les vents, je vous apporte quelque chose qui vous fera t nir tranquille. HEURTEBISE Tonneaux, Tonneaux, ma femme! Tonneaux, Tonneaux, ma femme! Le bon pain de France et le bon vin de France, désormais, i ne faut plus qui soient séparés. LA MERE AUX TONNEAUX Heurtebise, mon ami, vous dites une bonne chose, et alors je vais vous embrasser. (Ils dansent grotesquement) CHŒUR ET VOIX D ENFANTS Vive Heurtebise! Vive la Mère aux Tonneaux! (Danse) Voulez-vous manger des cesses? etc. LE CLERC (se dressant tout droit au milieu d’eux comme une chandelle noire) Paysans! Croquants! Rustres agrestes et grossiers! N avez-vous point vergogne de vous réjouir ainsi comme des païens en cette santie veille de Noël pendant que le Roi Notre Seigneur se rend à Rheims pour y être consacré de la Main des Anges? UN PAYSAN Et c’est-i pas le moment de boire un petit coup parce qu’Heurtebise a retrouvé Jean Raisin, et que la moitié de la France sur son coeur a retrouvé l’autre moitié? UN AUTRE Surtout qu’i fait rudement frisquet, on peut le dire, à rester tout gelés comme ça à attendre. Un petit coup de vin, un petit air de danse, ça ne fait de mal à personne. LE CLERC La forêt elle-même pour se préparer aux mystères de cette sainte nuit s’est couvert la tête d’un voile blanc. Et vous autres, préparez vos coeurs au mystère qui va s’accomplir. UN PAYSAN Oh! Perrot, là-haut! oh! Perrot, là-haut! est-ce que tu vois quèqu’chose? PERROT, DU HAUT DE L’ARBRE Je vois une petite lumière CHŒUR Le Roi! Le Roi de France! LE CLERC Allons, mes enfants! Venez tous autour de moi et répétons tous ensemble cette belle antienne de latin tout blanc que je vous ai apprise. La terre a étendu un grand tapis de neige sous les pieds du Roi Notre Sire. Et nous de la Loire jusqu’à Rheims il faut que nous étendions un grand tapis de prières. (La flûte exécute l air “Aspiciens a longe”) Aspiciens a longe. Vous comprenez c’est le peuble Juif qui attend Le Messie comme nous le Roi notre Sire. Aspiciens a longe. Regardant de loin là-bas dans la distance la main au dessus des yeux et tout est plein d’obscurité et de confusion. CHŒUR Aspiciens a longe, ecce video Dei potentiam venientem et nebulam totam terram tegentem. VOIX D ENFANTS Ite obviam ei et dicite BASSE SOLO Nuntia nobis si tu es ipse… CHŒUR …qui regnaturus es in populo Israël. Rhythme de la marche royale (Loin) VOIX DE PERROT La v la qu arrive! Le Roi! Le Roi de France! (Trompettes et cris à distance) TOUTS Le Roi qui va-t-à Rheims! (Une partie de l auditoire se précipite vers le bas, où une procession à l emblème de cheval éclairé par des torches. La flûte prend plus doucement El tema « Aspiciens a longe »…) LE CLERC Qui regis Israël. CHŒUR Nuntia nobis si tu es ipse. (Le cortège à cheval s’éloigne et s’éteint.) CHŒUR Voulez-vous manger des cesses? Voulez-vous manger du flan? Quand irons-nous à Liesse? Quand irons-nous à Laon? LE CLERC (achevant l’antienne) Qui regnaturus es in populo Israël. JEANNE C est moi qui ai fait cela! FRERE DOMINIQUE C est! Dieu! C est Dieu qui a fait cela! JEANNE C est Dieu! C est Dieu avec Jeanne! Les voix ne m avaient pas trompée! Catherine et Marguerite, elles ne m ont pas trompée! CHŒUR Coupequesne, Jean Midi, Toutmouillé, Malvenu. Ils déclarent que tu t es trompée. JEANNE Le Roi ne voulait pas venir et c est moi qu ai pris son cheval par la bride. CHŒUR Sorcière! Cruelle! Hérétique! Schismatique! Homicide! Relapse! Imposture! Hystérique! Prostituée! JEANNE C est moi que l ai amené à travers toute la France! CHŒUR Pereat Stryga! (Crescendo) JEANNE C est moi qui l ai amené à Rheims! CHŒUR Morte moriatur! JEANNE C est moi qui ai sauvé la France! C est moi qui ai réuni la France! Toutes les mains de la France en une seule main! Un telle main qu elle ne sera plus divisée! CHŒUR Comburatur igne! FRERE DOMINIQUE Jeanne! Jeanne! Jeanne! Est-ce pour un Roi de chair que tu as donné ton sang virginal? Scène IX L’épée de Jeanne (Le jour se lève) MARGUERITE (dans la ciel) Spera! Spira! Spera! Spira! Spera! Spira! JEANNE J entends Marguerite dans le ciel mélangée à l exalation des rossignols et les douces petites étoiles à la voix de cette active soeur sacristine s éteignent l une après l autre. CHŒUR (a bocca chiusa pendant le dialogue suivant) FRERE DOMINIQUE Les pages de nuit, de sang, d outre-mer et de pourpre se sont effeuillées sous mes doigts et il ne reste plus sur le parchemin virginal qu une initiale dorée. JEANNE Que c est beau cette Normandie toute rouge et rose, toute rouge de bonheur, toute rose d innocence qui se prépare à faire avec moi la sainte communion dans l étincelante rosée! Que c est beau pour Jeanne la Pucelle de monter au ciel au mois de mai! Que tu es belle, ô ma belle Normandie, mais que dirais-tu, Frère Dominique, si, Marguerite et moi, nous pouvions t expliquer notre Lorraine? FRERE DOMINIQUE Parle, Jeanne, car je sais qu il ya des choses qu une petite fille peut m expliquer, moi, qui, ceint de fer et de cuir et les yeux fermés ai marché de bonne heure dans les sentiers de la pénitence. JEANNE Et que puis-je t expliquer, quand il y a encore au ciel une douzaine d étoiles au moins qui en savent plus que moi? FRERE DOMINIQUE Explique-moi ton épée! Est-ce vrai que tu as trouvé ton épée, cette terrible épée devant laquelle se sauvaient Anglais et Bourguignons, dans une chapelle en ruines? JEANNE Non, ce n est pas une chapelle en ruines! C est a Domrémy qu on me l a donnée. Ma bannière dans la main gauche, mon épée dans la main droite, ah! qui m aurait résisté? Jhésus Marie! Jhésus Marie! MARGUERITE (dans la ciel) Jhésus Marie! Jhésus Marie! (La musique, il se lève lentement) CATHERINE Jeanne! Jeanne! Jeanne! Fille de Dieu, va! va! va! JEANNE Je vais! Je vais! J irai! Je suis allée! FRERE DOMINIQUE A qui est-ce que tu parles ainsi? JEANNE Es-tu sourd? N entends-tu pas les voix qui disent Jeanne! Jeanne! Jeanne! Fille de Dieu, va! va, va! Ah, ce n est plus sorcière maintenant qu elles disent, c est mon petit nom de chrétienne, celui que j ai reçu au baptême, Jeanne! Ce n est plus hérétique et relapse et je ne sais quoi, et tous ces vilains noms. C est fille de Dieu! C est beau d être la fille de Dieu! Et ce n est pas seulement Catherine et Margherite, c est tout le peuple ensemble des vivants et des mort qui dit fille de Dieu! Jeanne! Jeanne! Fille de Dieu, va! va! va! Bien sûr que j’irai! CATHERINE, MARGUERITE, CHŒUR (Doucement et affaiblissement) Jeanne! Jeanne! Jeanne! Fille de Dieu, va, va, va! FRERE DOMINIQUE Mais tu ne m as pas expliqué l épée. JEANNE Mais pour que tu comprennes l épée, frère tondu, il faudrait que tu sois une petite fille Lorraine! Je peux pas faire de toi une petite fille Lorraine! Je peux pas te prendre la main et t amener avec nous pour chanter Trimazo avec Aubin et Rufin! VOIX D ENFANTS Trimazo! JEANNE Écoute ce qu ils disent! UNE VOIX D ENFANT En revenant de ces verts champs, j avons trouvé les blés si grands les aubépines fleurissant devant Dieu. JEANNE Écoute! Écoute! VOIX D ENFANTS Quand vous couchez vot bel enfant que Dieu le garde à son coucher et à tout heure de la journée devant Dieu. C est le Mai, mois de Mai, c est le joli mois de Mai! Un petit brin de vot farine, un petit oeuf de vot géline, c est pas pour boire ni pour manger, c est pour avoir un joli cierge, pour y lumer la Sainte Vierge, devant Dieu. CORO (bocca chiusa) JEANNE As-tu compris, frère Dominique? Ah, moi! Il n y a pas eu besoin de Coupequesne et Toutmouillé pour me l expliquer! C est le tilleul devant la maison de mon père, comme un grand prédicateur en surplis blanc dans le clair de lune, qui m a tout expliqué! VOIX D’ENFANTS C’est le Mai, mois de Mai, C’est le joli de Mai! FRERE DOMINIQUE Explique, et moi j écoute. JEANNE Quand il fait bien froid en hiver et que le froid et la gelée resserrent tout et on dirait que tout est mort, et les gens sont morts de froid et il y a de la neige et la glace sur tout comme un drap, et comme une cuirasse… et on croit que tout est mort et que tout est fini. BASSE SOLO (Au loin) Mais il y a l espérance qui est la plus forte. JEANNE On croit que tout est fini, mais alors il y a un rouge-gorge qui se met à chanter. MARGUERITE ET CATHERINE Fille de Dieu, va, va, va! JEANNE Il y a un mauvais petit vent venu d on ne sait où qui se met à souffler! Il y a une certaine petite pluie chaude qui se met à tomber sur vous. CHŒUR Il y a toute la forêt là-bas qui se met en mouvement! Il y a l espérance qui est la plus forte! JEANNE Et alors le temps de fermer les yeux et de compter jusqu à trois et tout est changé! Le temps de compter jusqu’à quatre, et tout est changé! MARGHERITE, CATHERINE, SOPRANOS Fille de Dieu, va! va! va! JEANNE Tout est blanc! tout est rose! tout est vert! CHŒUR Il y a toute la forêt là-bas qui se met en mouvement! JEANNE Celui qui voudrait empêcher les mirabelliers de fleur il faudrait qu il soit bien malin! Celui qui voudrait empêcher les cerisiers de ceriser, tellement que tout est plein de belles cerises… Mon père dit qu il faudrait qu il se lève matin de bonne heure! C est alors que Catherine et Marguerite se mettent à parler. BASSES Coupequesne-Jean Midi-Malvenu -Toutmouillé. Ils disent que tu t est trompée! JEANNE Et quand Jeanne au mois de Mai monte sur son cheval de bataille, il faudrait qu il soit bien malin celui qui empêcherait toute la France de partir! Les entends-tu ces chaînes de tous les côtés, qui éclatent et qui cassent? Ah! ces chaînes que j ai aux mains, elles me font rire! Je ne les aurai mie toujours! On a vu ce que Jeanne peut faire avec une épée. La comprends-tu maintenant, cette épée que Saint Michel ma donnée? Cette épée! Cette claire épée! Elle ne s appelle pas la haine, elle s appelle l amour! VOIX D ENFANTS Madame, nous vous remercions De vos bonnes intentions, Nous prions Dieu dans vot maison Aussi quand nous en sortirons. Devant Dieu. CATHERINE Rouen! Rouen! Rouen! JEANNE Rouen! Rouen! Tu as brûlé Jeanne d Arc, mais je suis plus forte que toi et tu ne m auras mie toujours! BASSES Jean Midi, Coupequesne, Toutmouillé, Malvenu. SOPRANOS, ALTOS Fille de Dieu, va!va!va! JEANNE Il y a l espérance qui est la plus forte! MARGUERITE Ah! JEANNE Il y a la foi qui est la plus forte! CHŒUR Il y a l’espérance qui est la plus forte! Il y a la joie qui est la plus forte! Fille de Dieu, va, va, va! MARGUERITE ET CATHERINE Fille de Dieu, va, va, va! MARGUERITE Spira! Spera! JEANNE Il y a Dieu! Il y a Dieu qui est le plus fort! VOIX D ENFANT C est le Mai, le mois de Mai, C est le joli mois de Mai! Scène X Trimazo JEANNE Un petit brin de vot farine, Un petit oeuf de vot géline, une petite larme pour Jeanne! une petite prière pour Jeanne! une petite pensée pour Jeanne! C est pas pour boire ni pour manger, C est pour aider avoir un cierge, Pour y lumer la Sainte Vierge. C est moi qui vais faire le joli cierge. Scène XI Jeanne d’arc en flammes LA VIERGE (au-dessus, sur le pilier de Jeanne) J accepte cette flamme pure. (Cependant dès les scènes précédentes la foule lentement s’est rassemblée devant l’échafaud hommes, femmes et enfants, formant transition avec le Choeur et le Public. Chœur divisé en différents Demi choeurs. Lecture) DEMI CHŒUR I C est écrit Jeanne - c est écrit sorcière - c est écrit hérétique – ennemie de tout le monde – c’est écrit - c’est écrit! DEMI CHŒUR I Jeanne la Sainte! Jeanne la Vierge! Jeanne la Pucelle! CHŒUR C est bien fait! C est elle qui a fait tout le mal! C est bien fait! De quoi c est qu elle s est mêlée? C est bien fait! Sans elle on serait tranquille! C est bien fait! C est elle qui a battu les Anglais! C est elle qui a ramené notre Roi à Rheims! Avec le secours du Diable! Avec le secours de Dieu! Qui est cette Jeanne au juste? Et si elle est de Dieu ou du Diable… Le feu va en décider. (à voix basse) Loué soit notre frère le feu qui est sage, fort, vivant, ardent, acéré, incorruptible. Loué soit notre frère le feu qui est savant à séparer l âme de la chair et de l esprit la cendre! JEANNE Eh quoi! Mon peuple, peuple de France! Il est vrai, Il est vrai que tu veux me brûler vive? LE PEUPLE Elle se réveille comme d’un rêve! JEANNE Et ce prêtre qui était là tout à l heure et qui me tenait à lire ce livre où je lisais? Il n est plus là, il me quitte, il est descendu. il n est plus là et je suis seule. LA VIERGE (au-dessus d’elle) Jeanne, Jeanne, tu n es pas seule! JEANNE J entends une voix au-dessus de moi qui dit “Jeanne, Jeanne, tu n es pas seule!”. LE PEUPLE Jeanne, Jeanne, tu n es pas seule! Il y a ce peuple en bas qui te regarde! JEANNE Je ne veux pas mourir! LE PEUPLE Elle dit qu’elle ne veut pas mourir! JEANNE J ai peur! LE PEUPLE Elle dit qu elle a peur. Ce n est qu une enfant après tout. Ce n était qu une pauvre enfant. Elle dit qu elle a peur UN PRETRE Signe donc! Signe ce papier! Avoue, avoue que tu as menti! JEANNE Et comment signerais-je lorsque mes mains sont liées? UN PRETRE On va t enlever tes chaînes. JEANNE Il y a d autres chaînes plus fortes, qui me retiennent. UN PRETRE Et quelles chaînes plus fortes? JEANNE Plus fortes que les chaînes de fer, les chaînes de l amour! C est l amour qui me lie les mains et qui m empêche de signer. C est la vérité qui me lie les mains et qui m empêche de signer. Je ne peux pas! Je ne peux pas mentir! LA VIERGE Jeanne, Jeanne, confie-toi donc au feu qui te délivrera! CHŒUR Loué soit notre frère le feu qui est pur, ardent, vivant, pénétrant, acéré, invincible, irrésistible, incorruptible. Loué soit notre frère le feu qui est puissant à rendre l esprit à l esprit et cendre cendre, ce qui est cendre à la terre. JEANNE Mère! Mère au-dessus de moi! Ah! J ai peur du feu qui fait mal! CHŒUR Loué soit notre frère le feu qui est sage, fort! Loué soit notre frère le feu qui est savant à séparer l’âme de la chair. Jeanne au-dessus de Jeanne! Flamme au-dessus de la flamme! LA VIERGE Tu dis que tu as peur de feu et déjà tu l as foulé aux pieds. JEANNE Cette grande flamme, cette grande flamme horrible, c est cela qui va être mon vêtement de noces? LA VIERGE Mais est-ce que Jeanne n est pas une grande flamme elle même? Ce corps de mort est-ce qu il sera toujours puissant à retenir ma fille Jeanne? CHŒUR Louée soit notre soeur la flamme qui est pure, forte, vivante, acérée, éloquente, invincible, irrésistible! Louée soit notre soeur la flamme qui est vivante! Louée soit notre soeur Jeanne qui est Sainte, droite, vivante, ardente, éloquente, dévorante, invincible, éblouissante! LA VIERGE Le Feu, est-ce qu il ne faut pas qu il brûle? Cette grande flamme au milieu de la France, est-ce qu il ne faut pas, qu elle brûle? CHŒUR Louée soit nottre soeur Jeanne qui est debout toujours comme une flamme au milieu de la France! LA VIERGE, MARGUERITE, CATHERINE (du ciel, avec une tendresse) Jeanne! Jeanne! Jeanne! Fille de Dieu! Viens! Viens! Viens! JEANNE Ce sont ces chaînes encore qui me retiennent! CHŒUR Il y a la joie qui est la plus forte! Il y a l amour qui est le plus fort! Il y a Dieu qui est le plus fort! JEANNE Je viens! Je viens! J ai cassé! J ai rompu! (Elle rompt ses chaînes.) CHŒUR La chaîne qui reliait Jeanne à Jeanne! La chaîne qui reliait l âme au corps! JEANNE Il y a la joie qui est la plus forte! Il y a l amour qui est le plus fort! MARGUERITE (dans le ciel) Hi…! Ah…! JEANNE Il y a Dieu qui est le plus fort! CATHERINE, ENFANTS (dans le ciel) Personne n a un plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu il aime. LA VIERGE, MARGUERITE, CATHERINE APRES CHŒUR (sur la terre) (comme si elles épelaient une inscription) Personne n a un plus grand amour – que de donner sa vie pour ceux qu il aime. (Plus faible et plus solennelle, comme s ils meditasen le sens) Personne n a un plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu il aime. Honegger,Arthur/Jeanne d Arc au bûcher
https://w.atwiki.jp/fukubukuro/pages/1031.html
【評価】神 【ブランド】RODEOCROWNS ロデオクラウンズ Mサイズ 【金額】10500 【購入場所】公式店舗 【中身】 ◎ N3B 定価27090 ネイビーでめちゃめちゃかわいい!! ◎ 黒カーディガン 7140 買おうか迷ってたやつ!! ◎ アイボリーパーカー 7140 かわいい!! ◯ ゴールドニットワンピース 9240 ロデオっぽくない商品だけどまぁ着る! 謎にシルク4%入り ◯ ロゴマグカップ 1575 私はロデオ信者なので◯ △他ロンT、キャミ、インナー あわせて8500 まぁ着る 【まとめwikiへの転載】可 ボトムは何故か一個もなしでしたが、捨て服なしの神袋でした! ロデオ福って書いてる方がいたから買ってみたレポ 【評価】普通~微鬱 【ブランド】ロデオクラウン S 【金額】10500 【購入場所】店頭 【中身】 ◯ デニム まぁはける △ パーカー ブランドロゴがでかでか入ってる あったかい × カーデ 部屋着かな、これもロゴが両面に ◯ ワンピース なにか重ねたらかわいい感じ ×ロンT テロテロしてるし派手 ×キャミ 派手すぎる ×パンプス 個性的すぎ ◯インナー達 着れる 【まとめwikiへの転載】可 なんかご近所着というか、あまり違うジャンルだと福袋でも挑戦しちゃいけないという教訓になりましたw 【評価】大福 【ブランド】ロデオクラウンズ Mサイズ 【金額】10K 【購入場所】パッセオンライン 【中身】 ◎ファーモッズコート 27090円 すごいかわええ!これだけで元取れた。ファーがゴージャスでいい! ◎ネイビーのスキニージーンズ 9975 形きれい!サイズもぴったりでうれしい ◎ブラックのショートパンツ 6090円 ポリでちょっと薄いがペチとしても秋春に履ける。 ◎ニット白 今期ものだ!セールにもなってない。6090円 ◎白のタンクトップ 1575円 ○iPhoneケース 3000円iPhone変えたばかりだからよかったw でも模様が安っぽいかな 【まとめwikiへの転載】画像のみ不可 初めてロデオ買ったが、全部使えるので大福です。アウターが嬉しいです! 【評価】大福 【ブランド】ロデオクラウンズ Mサイズ 【金額】20000円 【購入場所】シェルターWEB ◎ブーツ マルチカラー 2万円たど必ず入ってるって書いてあるから買った! プロパー品でサイズもちょうどで大満足 ◎スカート ○カーディガン ○ドルマンシャツ ○サルエルパンツ △キャミ達 なぜかサイズ1 インナーだから着るけど ×ロディグッズ達 ロディ君好きだけどsoramachi限定はいらない 【まとめwikiへの転載】可 福袋の袋ってたいがいいらないけど、キャリーバッグがなかなかしっかりした作りでかわいいし良い!! むしろ中身よりキャリーという初めてのパターンだったので大福です! 【評価】鬱 【ブランド】ロデオクラウンズ Mサイズ 【金額】20K 【購入場所】直営店店舗 【中身】 △ブーツ 柄が無理 ×モコモコパンツ 変 ×トップス カラシに変なレース付き △ワンピース あったら着る ×スカート 色がちょっと ×小物達 書くのもしんどいレベル 合計65000ぐらい 【まとめwikiへの転載】可 キャリーに釣られて購入 アウターもないし、店舗1万とweb2万のレポとの格差すぎて悲しい… キャリー抜いてオク出しするかな ここで見る限りロデオ、みんな福だったみたいだけど…自分の激鬱でした… 【評価】激鬱 【ブランド】ロデオ S 【金額】10500円 【購入場所】横浜ポルタ 【中身】 ×変なストライプにロボット柄・蛍光ピンクのリバーシブルのジャンパー() どこに着ていけばいいのか…しかもペラい…アウターに期待してたのにこれ… ○モヘアっぽい素材のオフショルニットワンピース 色もグレーでまあ無難。これなら使えそう ×半袖のテロテロピンクブラウス ピンク着ない ×薄い水色のワイドデニム サイズ大きすぎだし、とにかくダサい… ×ウールのフルレングスパンツ そんなに変ではないが着ない △デニムショーパン 全体にラメみたいのが入ってる。普段着にしようかなと言う感じ ○白キャミ インナー ×iPhoneケース iPhoneじゃないからいらない 本当に鬱袋…なんでこんな格差… ボトムはサイズもあるし、フルレングス普段履かないし、トップス多めが良かった… 【まとめwikiへの転載】可
https://w.atwiki.jp/fukubukuro/pages/195.html
【評価】まぁまぁ 【ブランド】アーモワールカプリス 【金額】 10K 【購入場所】 ショッピングモール 【中身】 ○黒の厚手のコート(ウールではない) 福袋用という感じですが無難な形なので近所用にでも ○黒タートルネックニットチュニック アクリル100 無難 共布ベルトつき ○ネイビーのフレンチ袖(?)チュニックワンピ けっこうかわいいかも ○柄5部袖チュニック 着られると思う ○黒×白マフラー ベーシックな色だったからよかった、巻いてみたらかわいかった ?クッションみたいなもの 微妙 10kでこれくらいならなかなか良いのではないかと思いました。 まだコートとマフラー以外試着はしていないので見た感想だけですが、 Mサイズが入るなら大丈夫だと思います。 それぞれに色違いや種類の違いはあるようです。 コートは黒かグレーらしいです。 >アーモワールカプリスの福袋、買われた方いらっしゃいませんか 私買いました。 292さんより微妙にデヴですが、ガブガブのものもありました ○黒ロングコート 福袋用製品ぽいですがオーソドックスなので普通にOK ◎茶系のノースリーブワンピ すっごくかわいくてぴったりで気に入りました ○スクエア襟のチュニック デザインとかすごい好みでしたがこれがガブガブでした ○黒のニットボレロ かわいいんですがデブにボレロは勇気がねー △ 微妙な配色のマフラー マフラーしないので・・・ ? クッションみたいなもの 全体的にあたりでした。 が、サイズは全体的に大きめなので、来年は福袋買わないで 普通に試着して買うかも・・・ -
https://w.atwiki.jp/openmusic/pages/244.html
|PROFILE| PR-GROUP-LIST Arguments [[list]] group mode? [generic-function] Articulation d'une liste list en segments de longueurs definis par une deuxieme liste de nombres entiers group . list est une liste quelconque group est une liste de nombres qui definissent des longueurs de segments. Par exemple soit la liste list (a b c d e f g h i j k l m) et la liste group (4 2 1 3 3) le resultat sera PW- (*1) mode? est un menu deroulant qui defini le mode de fonctionnement de ce module. Si mode? egal 'stop' la segmentation se fera lineairement, c'est-a-dire, meme si la liste group contient plus d'element ou si la somme de ses elements est superieure a la longueur de list la segmentation se fera jusqu'a la fin des elements de list . Exemple soit list (a b c d e f g h i j k l m) et group (4 2 1 3 5) le resultat sera toujours PW- ((a b c d) (e f) (g) (h i j) (k l m)). Ou si group egal (4 2 1 3 5 2) le resultat sera toujours PW- ((a b c d) (e f) (g) (h i j) (k l m)). Si mode? egal 'circ' la segmentation se fera circulairement. c'est-a-dire, que pour constituer les segments imposes par group , le module ajoutera des elements du debut de list . Exemple soit list (a b c d e f g h i j k l m) et group (4 2 1 3 5 2) le resultat sera alors PW- ((a b c d) (e f) (g) (h i j) (k l m a b) (c d)). Si mode? egal 'scal' la segmentation se fera proportionnellement. L'articulation prendra en compte plutt les proportion entre les elements de group et constituera des segments avec tous les elements de list .Exemple soit la liste list de 12 elements (a b c d e f g h i j k l) et la liste group (5 3 4). Logiquement le resultat sera PW- ((a b c d e) (f g h) (i j k l)). Mais si nous gardons la meme list et nous changeons group pour (10 3 8) le resultat sera toujours le meme PW- ((a b c d e) (f g h) (i j k l)). NOTE THIS FUNCTION HAS BEEN RENAMED PR-GROUP-LIST DUE TO A NAME CONFLICT WITH OM GROUP LIST.
https://w.atwiki.jp/poupeewiki/pages/1059.html
2012.10.16入荷 未開封-アンティークバッグ/12JJ Unopened Antique Bag/12JJ 未開封-スイートバッグ/12JJ Unopened Sweet Bag/12JJ 未開封-ほっこりバッグ/12JJ Unopened Comfy Bag/12JJ 2012.10.31 開封 未開封-アンティークバッグ/12JJ アンティークバッグ/12JJ Pearls Antique Bag/12JJ ケープアンティークコート/12JJ Cape Antique Coat/12JJ パールアンティークバッグ/12JJ Pearls Antique Bag/12JJ アンティークハット/12JJAnique Hat/12JJ 未開封-スイートバッグ/12JJ スイートバッグ/12JJ Sweet Lucky Bag/12JJ リボンダッフルコート/12JJ Ribbon Duffel Coat/12JJ ピンクのブーツ/12JJ Pink Boots/12JJ ピンクのクラウン/12JJPink Crown/12JJ 未開封-ほっこりバッグ/12JJ ほっこりバッグ/12JJ Comfy Lucky Bag/12JJ ケーブルニットジャケット/12JJ Cable Knitted Jacket/12JJ コサージュファーマフラー/12JJ Corsage Muff/12JJ ニットコサージュベレー帽/12JJ Knitted Beret/12JJ ●まとめ● アンティークバッグ/12JJ スイートバッグ/12JJ ほっこりバッグ/12JJ リメイクアウター&小物福袋-リボンエリアはこちら
https://w.atwiki.jp/oper/pages/527.html
[Variante pour les Théâtres qui n ont pas de Ballet] MANON (revenant subitement à elle) Non, sa vie à vie à la mienne est pour jamais liée... Il ne peut m avoir oubliée! (Elle se dispose à partir lorsqu elle aperçoit Lescaut donnant le bras à Rosalinde et entrant en scène suivi de la foule.) (s adresse à Lescaut.) Ma chaise, mon Cousin? LESCAUT (quittant le bras de Rosalinde et s avançant avec empressement) On faut-il vous porter, Cousine? MANON À St. Sulpice! LESCAUT (stupéfait) A St. Sulpice! Quel est ce bizarre caprice? Pardonnez-moi de vous faire répéter... à St. Sulpice? MANON (résolument et remontant pour sortir) A St. Sulpice! (Elle sort suivie de Lescaut qui fait de grands gestes d étonnement, pendant que la foule redescend en scène. Reprise de Choeur final) SEIGNEURS, ÉLÉGANTES - PROMENEURS, MARCHANDS, MARCHANDES BRÉTIGNY - GUILLOT (accompagnés de quelques amis; puis, Lescaut. Orchestre dans la salle. On rit.) BRÉTIGNY Répondez-moi, Guillot! (On rit.) GUILLOT Jamais! Mais rira bien qui rira le dernier! BRÉTIGNY Mr. de Morfontaine, Vous allez tout me dire! GUILLOT A vous, mon ami, rien! (se tournant vers Manon) Mais à vous, ô ma Reine! BRÉTIGNY Plaît? GUILLOT Eh bien! oui... l Opéra que vous lui refusiez... Il sera dans un instant... ici. (Mouvement dans la foule.) BRÉTIGNY Je dois rendre les armes! (à Manon) Vous êtes triste! MANON Oh! non! BRÉTIGNY On dirait que des larmes... MANON Folie! GUILLOT (à Manon) Allons, Manon, Approchez, s il vous plaît, (avec importance) On va danser pour vous notre nouveau ballet! (à Lescaut) Lescaut, venez! LESCAUT (vivement empressé) Je suis là pour vous plaire... GUILLOT Veillez... le tout est à mes frais, A ce qu on donne à boire au populaire... (tirant sa bourse) Combien? LESCAUT (prenant la bourse et s éloignant) Nous compterons après! SEIGNEURS, PROMENEURS, MARCHANDS ET MARCHANDES (Brétigny, les Seigneurs avec les Ténors et les Basses) Voici l Opéra! PRÉAMBULE La Présentation BRÉTIGNY, LES SEIGNEURS ET LA FOULE L Opéra! Voici l Opéra! Tout Paris en parlera! C est le ballet de l Opéra! (entr eux) C est un plaisir de souveraine! Et son rival enragera! L ami Guillot se ruinera. Avoir fait venir l Opéra GUILLOT (à part, avec joie) C est un plaisir de souveraine! Avoir fait venir l Opéra Et son ballet au Cours-la-Reine! (En imitant le mouvement des danseurs) Mon rival enragera! Il enragera! LES SEIGNEURS ET LA FOULE Avoir fait venir l Opéra! Tout Paris en parlera! C est le ballet de l Opéra! 1re Entrée 2me Entrée 3me Entrée 4me Entrée MANON (à part, à elle-même, troublée) Non... sa vie à la mienne est pour jamais liée! Il ne peut m avoir oubliée... (voyant Lescaut près d elle) ma chaise, mon cousin... LESCAUT Où faut-il vous porter cousine? MANON À St. Sulpice! LESCAUT Quel est ce bizarre caprice? Pardonnez-moi de faire répéter... À St. Sulpice? MANON À St. Suplice! GUILLOT Eh bien, maîtresse de ma vie qu en dites-vous? MANON Je n ai rien vu! GUILLOT (stupéfait) Rien vu! voilà le prix de ma galanterie! Est-ce là ce qui m était dû? [Variante pour les Théâtres qui n ont pas de ballet Recommence ici.] PROMENEURS - MARCHANDS ET MARCHANDES C est fête au Cours-la-Reine! On y danse, On y boit à la santé du Roi! A la santé du Roi! (Le Choeur continue rideau baissé.) Le Parloir de Séminaire de Saint-Sulpice. (Gd Orgue derrière le rideau baissé. Grandes Dames et Bourgeoises dévotes sortant de la chapelle du séminaire.) DEVOTES, GDES DAMES ET BOURGEOISES (entr elles, parlant de Des Grieux) Quelle éloquence! L admirable orateur! Quelle abondance! Le grand prédicateur! Ah! L admirable orateur! Et dans sa voix quelle douceur! Quelle douceur, et quelle flamme! Comme en l écoutant... La ferveur pénètre doucement jusqu au fond de nos âmes! Ah! Quel orateur! L admirable orateur Le grand prédicateur! De quel art divin Il A dans sa thèse. Peint Saint Augustin Et Sainte Thérèse! Lui-même est un Saint! C est un fait certain! N est-ce pas, ma chère! C est un Saint! C est certain! C est un Saint! (Des Grieux paraît. Les dévotes, entr elles, avec dévotion.) C est Lui! c est l abbé Des Grieux Voyez comme il baisse les yeux! (Les dévotes et les fidèles sortent peu à peu après avoir salué Don Grieux avec de profondes révérences.) LE COMTE DES GRIEUX Bravo, mon cher, succès complet! Notre maison doit être fière D avoir parmi les siens un nouveau Bossuet. DES GRIEUX De grâce, épargnez-moi, mon père. (Silence) LE COMTE Et, c est pour de bon, Chevalier, Que tu prétends au ciel pour jamais te lier? DES GRIEUX Oui, Je n ai trouvé dans la vie Qu amertume et dégoût... LE COMTE (Avec une légère ironie) Les grands mots que voilà! Quelle route as-tu donc suivie, Et que sais-tu de cette vie Pour penser qu elle finit là? Épouse quelque brave fille, Digne de nous, digne de toi, Deviens un père de famille Ni pire, ni meilleur que moi Le ciel n en veut pas davantage; C est là le devoir, entends-tu? C est là le devoir, La vertu qui fait du tapage N est déjà plus de la vertu! Épouse quelque brave fille, Digne de nous, digne de toi, Le ciel n en veut pas davantage; C est là le devoir, C est là le devoir! DES GRIEUX Rien ne peut m empêcher De prononcer mes voeux! LE COMTE C est dit alors? DES GRIEUX Oui, je le veux! LE COMTE Soit! Je franchirai donc seul cette grille, Et vais leur annoncer là-bas Qu ils ont un Saint dans la famille... J en sais beaucoup qui ne me croiront pas! DES GRIEUX Ne raillez pas, Monsieur, je vous en prie! LE COMTE (ému) Un mot encore, Comme il n est pas certain Que l on te donne ici, du jour au lendemain, Un bénéfice, une abbaye... Je vais dès ce soir t envoyer Trente mille livres... DES GRIEUX Mon père... LE COMTE C est à toi, c est ta part Sur le bien de ta mère; Et maintenant... adieu, mon fils, DES GRIEUX Adieu mon père! LE COMTE Adieu... reste à prier! DES GRIEUX (seul) Je suis seul! Seul enfin! C est le moment suprême! (calme) Il n est plus rien que j aime Que le repos sacré que m apporte la foi! Oui, j ai voulu mettre Dieu même Entre le monde et moi! (très calme; sostenuto cantabile) Ah! fuyez, douce image, à mon âme trop chère; Respectez un repos cruellement gagné, Et songez, si j ai bu dans une coupe amère, Que mon coeur l emplirait de ce qu il a saigné! Ah! fuyez! fuyez! loin de moi! Ah! fuyez! Que m importe la vie et ce semblant de gloire? Je ne veux que chasser du fond de ma mémoire... Un nom maudit! ce nom... qui m obsède et pourquoi? LE PORTIER DU SÉMINAIRE C est l office! DES GRIEUX (à lui-même) J y vais! Mon Dieu! De votre flamme Purifiez mon âme... Et dissipez à sa lueur L ombre qui passe encor dans le fond de mon coeur! Ah! fuyez, douce image, à mon âme trop chère! Ah! fuyez! fuyez! loin de moi! Ah! fuyez! loin de moi! loin de moi! (cloche lointaine) LE PORTIER DU SÉMINAIRE Il est jeune... et sa foi Semble sincère... il a fait grand émoi Parmi les plus belles De nos fidèles! (Manon paraît.) MANON (avec effort) Monsieur... je veux parler... à... l Abbé... Des Grieux! LE PORTIER DU SÉMINAIRE Fort bien! MANON (lui donnant de l argent) Tenez! (Le Portier de Séminaire salue et sort.) Ces murs silencieux... Cet air froid qu on respire... Pourvu que tout cela n ait pas changé son coeur! Devenu sans pitié pour une folle erreur Pourvu qu il n ait pas appris à maudire! VOIX DANS LA CHAPELLE DU SÉMINAIRE (dans le lointain) Magnificat anima mea Dominum, Et exultavit Spiritus meus. MANON (écoutant) Là-bas... on prie... Ah!... je voudrais prier! Pardonnez-moi, Dieu de toute puissance, Pardonnez-moi, Dieu de toute puissance, Car si j ose vous supplier, En implorant votre clémence, Si ma voix de si bas... peut monter jusqu aux cieux... ah! (très expressif) C est pour vous demander le coeur de Des Grieux! Pardonnez-moi, mon Dieu! pardonnez-moi, mon Dieu! VOIX DANS LA CHAPELLE DU SÉMINAIRE In Deo Salutari meo, Salutari meo. (Des Grieux entre par le fond.) MANON (avec angoisse) C est lui! (Manon se détourne, elle est prête à défaillir. Des Grieux s avance.) DES GRIEUX Toi! (presque parlé) Vous! MANON Oui... c est moi!... c est moi! Oui! c est moi! DES GRIEUX Que viens tu faire ici? Va-t en! Va-t en! Éloigne-toi! MANON (douloureux et suppliant) Oui! Je fis cruelle et coupable! Mais rappelez-vous tant d amour! Ah! dans ce regard qui m accable Lirai-je mon pardon, un jour? DES GRIEUX Éloigne-toi! MANON Oui! Je fus cruelle et coupable! Ah! rappelez-vous tant d amour! Rappelez-vous tant d amour! DES GRIEUX Non! j avais écrit sur le sable Ce rêve insensé d un amour Que le ciel n avait fait durable Que pour un instant, (avec amertume) pour un jour! MANON Oui! je fus coupable! Oui! je fus cruelle... DES GRIEUX J avais écrit sur le sable... C était un rêve Que le ciel n avait fait durable Que pour un instant pour un jour! Ah! perfide Manon! MANON (se rapprochant) Si je me repentais... DES GRIEUX Ah! perfide! perfide! MANON Est-ce que tu n aurais pas de pitié? DES GRIEUX (l interrompant) Je ne veux pas vous croire... Non! vous êtes sortie enfin de ma mémoire... Ainsi que de mon coeur! (avec des larmes) Hélas! Hélas! l oiseau qui fuit Ce qu il croit l esclavage Le plus souvent la nuit, D un vol désespéré revient battre au vitrage! Pardonne moi! DES GRIEUX No! MANON Je meurs à tes genoux... (avec élan et désespoir) Ah! rends moi ton amour Si tu veux que je vive! DES GRIEUX Non! il est mort pour vous! MANON L est il donc à ce point que rien ne le ravive! Ecoute-moi! Rappelle-toi! (avec un grand charme et très caressant) N est-ce plus ma main que cette main presse? N est-ce plus ma voix? N est-elle pour toi plus une caresse, Tout comme autrefois? Et ces yeux, jadis pour toi pleins de charmes, Ne brillent-ils plus à travers (avec un sanglot) mes larmes? (très ému et haletant) Ne suis-je plus moi? N ai-je plus mon nom? Ah! regarde-moi! Regarde-moi! N est-ce plus ma main que cette main presse, Tout comme autrefois? N est-ce plus ma voix? n est-ce plus Manon! Rappelle-toi... N est-ce plus ma main? Ecoute-moi N est-ce plus ma voix? N ai-je plus mon nom? N est-ce plus Manon? DES GRIEUX (dans le plus grand trouble) O Dieu! Soutenez moi dans cet instant suprême... MANON Je t aime! DES GRIEUX Ah! Tais-toi! Ne parle pas d amour ici.. C est un blasphème... MANON Je t aime! DES GRIEUX Ah! Tais-toi! Ne parle pas d amour! MANON (enfiévrée) Je t aime! (Cloche lointaine) DES GRIEUX (écoutant, avec angoisse) C est l heure de prier... MANON Non! Je ne te quitte pas! DES GRIEUX On m appelle là-bas... MANON Non! Je ne te quitte pas! Viens! (avec fièvre) N est-ce plus ma main Que cette main presse, Tout comme autrefois? DES GRIEUX (éperdu peu à peu) Tout comme autre fois! MANON Et ces yeux, jadis, pour toi pleins de charmes, N est-ce plus Manon? DES GRIEUX Tout comme autrefois... Tout comme autrefois... MANON Ah! Regarde-moi! Ne suis-je plus moi? N est-ce plus Manon? DES GRIEUX (avec élan) Ah! Manon! Je ne veux plus lutter contre moi même! MANON (avec un cri de joie) Enfin! DES GRIEUX Et dussè-je sur moi faire crouler les cieux... Ma vie est dans ton coeur, Ma vie est dans tes yeux... (avec exaltation et abandon) Ah! Viens! Manon Je t aime! MANON ET DES GRIEUX (avec ardeur) Je t aime! RIDEAU [Variante pour les Théâtres qui n ont pas de Ballet] MANON (revenant subitement à elle) Non, sa vie à vie à la mienne est pour jamais liée... Il ne peut m avoir oubliée! (Elle se dispose à partir lorsqu elle aperçoit Lescaut donnant le bras à Rosalinde et entrant en scène suivi de la foule.) (s adresse à Lescaut.) Ma chaise, mon Cousin? LESCAUT (quittant le bras de Rosalinde et s avançant avec empressement) On faut-il vous porter, Cousine? MANON À St. Sulpice! LESCAUT (stupéfait) A St. Sulpice! Quel est ce bizarre caprice? Pardonnez-moi de vous faire répéter... à St. Sulpice? MANON (résolument et remontant pour sortir) A St. Sulpice! (Elle sort suivie de Lescaut qui fait de grands gestes d étonnement, pendant que la foule redescend en scène. Reprise de Choeur final) SEIGNEURS, ÉLÉGANTES - PROMENEURS, MARCHANDS, MARCHANDES BRÉTIGNY - GUILLOT (accompagnés de quelques amis; puis, Lescaut. Orchestre dans la salle. On rit.) BRÉTIGNY Répondez-moi, Guillot! (On rit.) GUILLOT Jamais! Mais rira bien qui rira le dernier! BRÉTIGNY Mr. de Morfontaine, Vous allez tout me dire! GUILLOT A vous, mon ami, rien! (se tournant vers Manon) Mais à vous, ô ma Reine! BRÉTIGNY Plaît? GUILLOT Eh bien! oui... l Opéra que vous lui refusiez... Il sera dans un instant... ici. (Mouvement dans la foule.) BRÉTIGNY Je dois rendre les armes! (à Manon) Vous êtes triste! MANON Oh! non! BRÉTIGNY On dirait que des larmes... MANON Folie! GUILLOT (à Manon) Allons, Manon, Approchez, s il vous plaît, (avec importance) On va danser pour vous notre nouveau ballet! (à Lescaut) Lescaut, venez! LESCAUT (vivement empressé) Je suis là pour vous plaire... GUILLOT Veillez... le tout est à mes frais, A ce qu on donne à boire au populaire... (tirant sa bourse) Combien? LESCAUT (prenant la bourse et s éloignant) Nous compterons après! SEIGNEURS, PROMENEURS, MARCHANDS ET MARCHANDES (Brétigny, les Seigneurs avec les Ténors et les Basses) Voici l Opéra! PRÉAMBULE La Présentation BRÉTIGNY, LES SEIGNEURS ET LA FOULE L Opéra! Voici l Opéra! Tout Paris en parlera! C est le ballet de l Opéra! (entr eux) C est un plaisir de souveraine! Et son rival enragera! L ami Guillot se ruinera. Avoir fait venir l Opéra GUILLOT (à part, avec joie) C est un plaisir de souveraine! Avoir fait venir l Opéra Et son ballet au Cours-la-Reine! (En imitant le mouvement des danseurs) Mon rival enragera! Il enragera! LES SEIGNEURS ET LA FOULE Avoir fait venir l Opéra! Tout Paris en parlera! C est le ballet de l Opéra! 1re Entrée 2me Entrée 3me Entrée 4me Entrée MANON (à part, à elle-même, troublée) Non... sa vie à la mienne est pour jamais liée! Il ne peut m avoir oubliée... (voyant Lescaut près d elle) ma chaise, mon cousin... LESCAUT Où faut-il vous porter cousine? MANON À St. Sulpice! LESCAUT Quel est ce bizarre caprice? Pardonnez-moi de faire répéter... À St. Sulpice? MANON À St. Suplice! GUILLOT Eh bien, maîtresse de ma vie qu en dites-vous? MANON Je n ai rien vu! GUILLOT (stupéfait) Rien vu! voilà le prix de ma galanterie! Est-ce là ce qui m était dû? [Variante pour les Théâtres qui n ont pas de ballet Recommence ici.] PROMENEURS - MARCHANDS ET MARCHANDES C est fête au Cours-la-Reine! On y danse, On y boit à la santé du Roi! A la santé du Roi! (Le Choeur continue rideau baissé.) Le Parloir de Séminaire de Saint-Sulpice. (Gd Orgue derrière le rideau baissé. Grandes Dames et Bourgeoises dévotes sortant de la chapelle du séminaire.) DEVOTES, GDES DAMES ET BOURGEOISES (entr elles, parlant de Des Grieux) Quelle éloquence! L admirable orateur! Quelle abondance! Le grand prédicateur! Ah! L admirable orateur! Et dans sa voix quelle douceur! Quelle douceur, et quelle flamme! Comme en l écoutant... La ferveur pénètre doucement jusqu au fond de nos âmes! Ah! Quel orateur! L admirable orateur Le grand prédicateur! De quel art divin Il A dans sa thèse. Peint Saint Augustin Et Sainte Thérèse! Lui-même est un Saint! C est un fait certain! N est-ce pas, ma chère! C est un Saint! C est certain! C est un Saint! (Des Grieux paraît. Les dévotes, entr elles, avec dévotion.) C est Lui! c est l abbé Des Grieux Voyez comme il baisse les yeux! (Les dévotes et les fidèles sortent peu à peu après avoir salué Don Grieux avec de profondes révérences.) LE COMTE DES GRIEUX Bravo, mon cher, succès complet! Notre maison doit être fière D avoir parmi les siens un nouveau Bossuet. DES GRIEUX De grâce, épargnez-moi, mon père. (Silence) LE COMTE Et, c est pour de bon, Chevalier, Que tu prétends au ciel pour jamais te lier? DES GRIEUX Oui, Je n ai trouvé dans la vie Qu amertume et dégoût... LE COMTE (Avec une légère ironie) Les grands mots que voilà! Quelle route as-tu donc suivie, Et que sais-tu de cette vie Pour penser qu elle finit là? Épouse quelque brave fille, Digne de nous, digne de toi, Deviens un père de famille Ni pire, ni meilleur que moi Le ciel n en veut pas davantage; C est là le devoir, entends-tu? C est là le devoir, La vertu qui fait du tapage N est déjà plus de la vertu! Épouse quelque brave fille, Digne de nous, digne de toi, Le ciel n en veut pas davantage; C est là le devoir, C est là le devoir! DES GRIEUX Rien ne peut m empêcher De prononcer mes voeux! LE COMTE C est dit alors? DES GRIEUX Oui, je le veux! LE COMTE Soit! Je franchirai donc seul cette grille, Et vais leur annoncer là-bas Qu ils ont un Saint dans la famille... J en sais beaucoup qui ne me croiront pas! DES GRIEUX Ne raillez pas, Monsieur, je vous en prie! LE COMTE (ému) Un mot encore, Comme il n est pas certain Que l on te donne ici, du jour au lendemain, Un bénéfice, une abbaye... Je vais dès ce soir t envoyer Trente mille livres... DES GRIEUX Mon père... LE COMTE C est à toi, c est ta part Sur le bien de ta mère; Et maintenant... adieu, mon fils, DES GRIEUX Adieu mon père! LE COMTE Adieu... reste à prier! DES GRIEUX (seul) Je suis seul! Seul enfin! C est le moment suprême! (calme) Il n est plus rien que j aime Que le repos sacré que m apporte la foi! Oui, j ai voulu mettre Dieu même Entre le monde et moi! (très calme; sostenuto cantabile) Ah! fuyez, douce image, à mon âme trop chère; Respectez un repos cruellement gagné, Et songez, si j ai bu dans une coupe amère, Que mon coeur l emplirait de ce qu il a saigné! Ah! fuyez! fuyez! loin de moi! Ah! fuyez! Que m importe la vie et ce semblant de gloire? Je ne veux que chasser du fond de ma mémoire... Un nom maudit! ce nom... qui m obsède et pourquoi? LE PORTIER DU SÉMINAIRE C est l office! DES GRIEUX (à lui-même) J y vais! Mon Dieu! De votre flamme Purifiez mon âme... Et dissipez à sa lueur L ombre qui passe encor dans le fond de mon coeur! Ah! fuyez, douce image, à mon âme trop chère! Ah! fuyez! fuyez! loin de moi! Ah! fuyez! loin de moi! loin de moi! (cloche lointaine) LE PORTIER DU SÉMINAIRE Il est jeune... et sa foi Semble sincère... il a fait grand émoi Parmi les plus belles De nos fidèles! (Manon paraît.) MANON (avec effort) Monsieur... je veux parler... à... l Abbé... Des Grieux! LE PORTIER DU SÉMINAIRE Fort bien! MANON (lui donnant de l argent) Tenez! (Le Portier de Séminaire salue et sort.) Ces murs silencieux... Cet air froid qu on respire... Pourvu que tout cela n ait pas changé son coeur! Devenu sans pitié pour une folle erreur Pourvu qu il n ait pas appris à maudire! VOIX DANS LA CHAPELLE DU SÉMINAIRE (dans le lointain) Magnificat anima mea Dominum, Et exultavit Spiritus meus. MANON (écoutant) Là-bas... on prie... Ah!... je voudrais prier! Pardonnez-moi, Dieu de toute puissance, Pardonnez-moi, Dieu de toute puissance, Car si j ose vous supplier, En implorant votre clémence, Si ma voix de si bas... peut monter jusqu aux cieux... ah! (très expressif) C est pour vous demander le coeur de Des Grieux! Pardonnez-moi, mon Dieu! pardonnez-moi, mon Dieu! VOIX DANS LA CHAPELLE DU SÉMINAIRE In Deo Salutari meo, Salutari meo. (Des Grieux entre par le fond.) MANON (avec angoisse) C est lui! (Manon se détourne, elle est prête à défaillir. Des Grieux s avance.) DES GRIEUX Toi! (presque parlé) Vous! MANON Oui... c est moi!... c est moi! Oui! c est moi! DES GRIEUX Que viens tu faire ici? Va-t en! Va-t en! Éloigne-toi! MANON (douloureux et suppliant) Oui! Je fis cruelle et coupable! Mais rappelez-vous tant d amour! Ah! dans ce regard qui m accable Lirai-je mon pardon, un jour? DES GRIEUX Éloigne-toi! MANON Oui! Je fus cruelle et coupable! Ah! rappelez-vous tant d amour! Rappelez-vous tant d amour! DES GRIEUX Non! j avais écrit sur le sable Ce rêve insensé d un amour Que le ciel n avait fait durable Que pour un instant, (avec amertume) pour un jour! MANON Oui! je fus coupable! Oui! je fus cruelle... DES GRIEUX J avais écrit sur le sable... C était un rêve Que le ciel n avait fait durable Que pour un instant pour un jour! Ah! perfide Manon! MANON (se rapprochant) Si je me repentais... DES GRIEUX Ah! perfide! perfide! MANON Est-ce que tu n aurais pas de pitié? DES GRIEUX (l interrompant) Je ne veux pas vous croire... Non! vous êtes sortie enfin de ma mémoire... Ainsi que de mon coeur! (avec des larmes) Hélas! Hélas! l oiseau qui fuit Ce qu il croit l esclavage Le plus souvent la nuit, D un vol désespéré revient battre au vitrage! Pardonne moi! DES GRIEUX No! MANON Je meurs à tes genoux... (avec élan et désespoir) Ah! rends moi ton amour Si tu veux que je vive! DES GRIEUX Non! il est mort pour vous! MANON L est il donc à ce point que rien ne le ravive! Ecoute-moi! Rappelle-toi! (avec un grand charme et très caressant) N est-ce plus ma main que cette main presse? N est-ce plus ma voix? N est-elle pour toi plus une caresse, Tout comme autrefois? Et ces yeux, jadis pour toi pleins de charmes, Ne brillent-ils plus à travers (avec un sanglot) mes larmes? (très ému et haletant) Ne suis-je plus moi? N ai-je plus mon nom? Ah! regarde-moi! Regarde-moi! N est-ce plus ma main que cette main presse, Tout comme autrefois? N est-ce plus ma voix? n est-ce plus Manon! Rappelle-toi... N est-ce plus ma main? Ecoute-moi N est-ce plus ma voix? N ai-je plus mon nom? N est-ce plus Manon? DES GRIEUX (dans le plus grand trouble) O Dieu! Soutenez moi dans cet instant suprême... MANON Je t aime! DES GRIEUX Ah! Tais-toi! Ne parle pas d amour ici.. C est un blasphème... MANON Je t aime! DES GRIEUX Ah! Tais-toi! Ne parle pas d amour! MANON (enfiévrée) Je t aime! (Cloche lointaine) DES GRIEUX (écoutant, avec angoisse) C est l heure de prier... MANON Non! Je ne te quitte pas! DES GRIEUX On m appelle là-bas... MANON Non! Je ne te quitte pas! Viens! (avec fièvre) N est-ce plus ma main Que cette main presse, Tout comme autrefois? DES GRIEUX (éperdu peu à peu) Tout comme autre fois! MANON Et ces yeux, jadis, pour toi pleins de charmes, N est-ce plus Manon? DES GRIEUX Tout comme autrefois... Tout comme autrefois... MANON Ah! Regarde-moi! Ne suis-je plus moi? N est-ce plus Manon? DES GRIEUX (avec élan) Ah! Manon! Je ne veux plus lutter contre moi même! MANON (avec un cri de joie) Enfin! DES GRIEUX Et dussè-je sur moi faire crouler les cieux... Ma vie est dans ton coeur, Ma vie est dans tes yeux... (avec exaltation et abandon) Ah! Viens! Manon Je t aime! MANON ET DES GRIEUX (avec ardeur) Je t aime! RIDEAU Massenet,Jules/Manon/ActⅣ-1
https://w.atwiki.jp/oper/pages/3505.html
ACTE TROISIÈME Premier Tableau (La chambre de Chimène. La nuit Une lampe brûle sur la table. Au fond, on aperçoit les jardins éclairés par la lune) RIDEAU (Chimène est assise, accablée, la tête dans les mains.) ▼CHIMÈNE▲ De cet affreux combat je sors l âme brisée! Mais enfin je suis libre et je pourrai du moins Soupirer sans contrainte et souffrir sans témoins. (avec un grand sentiment) Pleurez! pleurez mes yeux! tombez triste rosée Qu un rayon de soleil ne doit jamais tarir! S il me reste un espoir, c est de bientôt mourir! Pleurez toutes vox larmes! pleurez mes yeux! (Elle pleure. Se redressant.) Mais qui donc a voulu l éternité des pleurs? O chers ensevelis, trouvez-vous tant de charmes à léguer aux vivants d implacables douleurs? (Rêveuse) Hélas! je me souviens, il me disait Avec ton doux sourire… Tu ne saurais jamais conduire Qu aux chemins glorieux ou qu aux sentiers bénis! (douloureux) Ah! mon père! Hélas! (Rodrigue paraît) (Avec effroi) Rodrigue! Toi! toi! dans cette demeure! ▼RODRIGUE▲ (doux et résigne) Alors que je te laisse, ou devant que je meure Une dernière fois j ai voulu te revoir! ▼CHIMÈNE▲ (sombre) Tu viens me reprocher l éclat de ma colère! Pourtant, je sais de toi comme on fait son devoir! ▼RODRIGUE▲ (toujours loin d elle) De ce que tu peux faire Je ne reproche rien! Venant de toi, Chimène, tout est bien! En vain tu seras cruelle, Je garde à ton coeur fermé, Reconnaissance éternelle De m avoir un jour aimé! ▼ENSEMBLE▲ O jours de première tendresse, Même alors que vous n êtes plus En nous demeure votre ivresse, Comme on reste ébloui de rayons disparus! ▼CHIMÈNE▲ (émue) Qui de nous deux, Rodrigue, a la plus rude peine? ▼RODRIGUE▲ Celui-là qui n a pas l oubli de ses amours! ▼CHIMÈNE▲ Mais la gloire t attend aux chemins où tu cours! ▼RODRIGUE▲ Y devais-je courir en emportant ta haine! ▼CHIMÈNE▲ Va! je ne te hais point! ▼RODRIGUE▲ (Se rapprochant) Tu le dois! ▼CHIMÈNE▲ Je ne puis! Hélas! si d un autre que toi j avais appris les larmes, Mon âme aurait trouvé dans le bien de te voir L unique allégement qu elle eût pu recevoir; Mais quand c est de toi seul que viennent mes alarmes, Mon faible coeur… se brise… à te vouloir punir. Je demande ta vie… et crains de l obtenir! ▼RODRIGUE▲ (comme extasié) Ô miracle d amour! ▼CHIMÈNE▲ Ô comble de misères! ▼ENSEMBLE▲ Que de maux et de pleurs… nous coûteront nos pères! ▼CHIMÈNE▲ (s attendrissant de plus en plus) Ah! Rodrigue, qui l eût pensé? ▼RODRIGUE▲ Qui nous l aurait dit… Chimène? ▼ENSEMBLE▲ Que la félicité prochaine Aurait si loin de nous et si vite passé… pour jamais! ▼CHIMÈNE▲ Ah! tais-toi! C est assez de blasphèmes! J offense en t écoutant Et la tombe et le ciel! Va-t-en! va-t-en! Ah! ▼RODRIGUE▲ (qui a reculé sous le geste et les paroles de Chimène) Reçois donc mes adieux suprêmes! Je vais mourir! ▼CHIMÈNE▲ (faisant un pas vers Rodrigue comme pour le retenir) Mourir! Tu vas mourir! L ennemi qui t attend est-il se redoutable… Qu il donne l épouvante à cette âme indomptable? Ou n as-tu de courage… et d élan, et d ardeur… Que pour frapper mon père (avec des sanglots) et me briser le coeur? Tu vas mourir! Quoi! faut-il que ce soit Chimène qui t engage a conserver des jours qui lui sont un outrage! Va! cours! vole au combat! et qu importent la rage… Et le nombre… et l instant… et le lieu! Souviens-toi! Sauve, tu l as juré, ton pays et ton roi! Sauve, tu l as juré, ton pays et ton roi! Te dirai-je encore plus? (avec tendresse) Si jamais je t aimai, cher Rodrigue! Si jamais, je t aimai! Va! songe à ta défense! Pour forcer mon devoir et m imposer silence… Reviens! reviens! Reviens si grand! reviens chargé de tants d exploits qu on serait moins coupable en contemplant ta gloire d oublier le passé que d en garder mémoire! ▼RODRIGUE▲ (extasié) Pouvais-je le croire? Dieu! elle pardonnerait! ▼CHIMÈNE▲ Ah! mon coeur tressaille encore! Mais le Dieu que j implore Nous sépare à jamais! ▼RODRIGUE▲ Ô Dieu bon! Dieu bon! tu le permets! Ah! son coeur tressaille encore Pour celui qu elle adore, A jamais! son coeur tressaille encore! (avec éclat) Chimène! tu l as dit je reviendrai vainqueur! ▼CHIMÈNE▲ (éperdue) Ah! qu ai-je dit? Non! non! je n ai rien dit! rien! rien! rien! Ah! pas d oubli ni de pardon! Adieu! va-t-en! Ces mots me font mourir de honte! Ah! adieu! (Elle s enfuit) ▼RODRIGUE▲ Chimène! je reviendrai vainqueur! (transfiguré) Est-il quelque ennemi qu à présent je ne dompte? Paraissez Navarrais, Maures et Castillans! Et tout ce que l Espagne a nourri de vaillants! Accourez par les mers, par les monts et la plaine! La terre est à Rodrigue, et Rodrigue à Chimène! Paraissez, Navarrais, Maures et Castillans! RIDEAU Deuxième Tableau (Le camp de Rodrigue. A l horizon la mer C est le soir - Des capitaines et de soldats navarrais et castillans boivent et chantent. A gauche sont accroupis des prisonniers, des prisonnières et des musiciens maures. Désordre très pittoresque.) RIDEAU ▼CAPITAINES et SOLDATS▲ Vivons sans peur et sans remords! L Enfer est un mensonge… et le ciel est un rêve! Mais la terre est à nous! Car nous sommes les forts! Et notre droit c est notre glaive! Vivons sans peur et sans remords! Du vin, de l amour, de l or! Chaque jour fêtes nouvelles! (Rodrigue paraît suivi d un groupe de capitaines et de soldats) ▼RODRIGUE▲ (avec autorité, aux soldats que boivent) Arrêtez! Est-ce ainsi qu à la honteuse ivresse Vous employez le temps que le Seigneur vous laisse pour vous préparer à la mort? (Mouvement) ▼LES CAPITAINES et LES SOLDATS▲ (avec assurance) La victoire est à nous! ▼RODRIGUE▲ Non! Une armée immense S étend autour de nous et grandit et s avance… Contre elle il faut tenter notre suprême effort! ▼SOLDATS▲ (1er Groupe) Non! pourquoi résister? partons avant l aurore! fuyons! fuyons! ▼RODRIGUE▲ Qui parle de s enfuir? ▼SOLDATS▲ (2d groupe, pour Rodrigue) Nous sommes avec toi! ▼RODRIGUE▲ Nous pouvons vaincre encore! ▼SOLDATS▲ (1er groupe) Le sort est contre nous! ▼RODRIGUE▲ (avec élan) On peut toujours mourir! ▼SOLDATS▲ (2d groupe) Tu ne seras pas seul à l instant redoutable! Il en est parmi nous qui ne désertent pas! ▼SOLDATS▲ (1er groupe) Combattre sans espoir est démence coupable! Nous gardons notre sang pour de plus sûrs combats! ▼RODRIGUE▲ Lâches! lâches! fuyez! (Rodrigue d un dernier geste chasse les fuyards, puis se tourne vers soldats. La nuit est venue peu à peu.) Amis au coeur fidèle Cherchez dans le repos l oubli de votre sort! Que l ange du sommeil effleure de son aile Les fronts déjà promis à l ange de la mort! Moi! je veillerai! (Les soldats s éloignent. Les derniers appels des trompettes, se répondent puis s éloignent , au loin dans le camp. Tout repose.) Troisième Tableau (La tente de Rodrigue) ▼RODRIGUE▲ (seul, avec un profond découragement) Ah! tout est bien fini… Mon beau rêve de gloire, Mes rêves de bonheur S envolent à jamais! Tu m as pris mon amour… Tu me prends la victoire… Seigneur, je me soumets! O souverain, ô juge, ô père, Toujours voilé, présent toujours, Je t adorais au temps prospère Et te bénis aux sombres jours! Je vais où la loi me réclame Libre de tous regrets humains! Ô souverain, ô juge, ô père, Ta seule image est dans mon âme Que je remets entre tes mains! (Un lueur grandit peu à peu et se détache sur le fond de la tente. C est l image vivante de Saint Jacques le Major qui apparaît pendant que des voix célestes se font entendre) ▼VOIX DU CIEL▲ Ô souverain, ô juge, ô père! Toujours voilé, toujours présent! ▼RODRIGUE▲ (extasié) Ces voix! ces voix d en haut! la nuit s éclaire! ▼SAINT JACQUES▲ Rodrigue! ▼RODRIGUE▲ Saint Jacques! ▼SAINT JACQUES▲ Jusqu au ciel a monté ta prière! ▼RODRIGUE▲ Naguère, il a reçu ma foi! Il m entendait! il vient à moi! à moi! Ô souverain ô juge, ô père! Ta seule image est dans mon âme que je remets entre tes mains Ô souverain ô juge, ô père! ▼SAINT JACQUES▲ Qui donne le fardeau prête aussi le soutien… Et je l apporte au fils, au soldat, au chrétien! ▼VOIX DU CIEL▲ Ô souverain ô juge, ô père! Tu seras vainqueur! Va! Va! Va! ▼SAINT JACQUES▲ (répétant, comme en extase) Tu seras vainqueur! (La vision disparaît.) ▼RODRIGUE▲ (avec égarement) La vision s efface! (comme transfiguré) Ah! le souffle d en haut a passé sur ma face! Dieu m a parlé! (La fondre éclate, le tonnerre gronde avec force. La tente s engloutit ) Quatrième Tableau (Le camp - La bataille Lever du jour. Les soldats accourent par groupes. Les fanfares se rapprochent. Rodrigue. Soldats.) ▼SOLDATS▲ Alerte, amis, aux armes! Aux armes! Nous somme prêts! mourons en combattant! ▼RODRIGUE▲ (à l armée) Dieu m a parlé! Compagnons! plus d alarmes! ▼LES SOLDATS▲ Nous sommes prêts! mourons! ▼RODRIGUE▲ C est le triomphe, et non la mort qui nous attend! (Il tire son épée; tous l imitent) ▼RODRIGUE ET LES SOLDATS▲ O noble lame étincelante, Pure comme un regard d enfant! Combats, gardienne vigilantes, Et fais l honneur seul triomphant! Dans les batailles nouvelles Tressaille encore à sa clarté! Mais sois de flamme. et prends des ailes. Pour l Espagne et sa liberté! En avant! en avant! en avant!!! RIDEAU ACTE TROISIÈME Premier Tableau (La chambre de Chimène. La nuit Une lampe brûle sur la table. Au fond, on aperçoit les jardins éclairés par la lune) RIDEAU (Chimène est assise, accablée, la tête dans les mains.) CHIMÈNE De cet affreux combat je sors l âme brisée! Mais enfin je suis libre et je pourrai du moins Soupirer sans contrainte et souffrir sans témoins. (avec un grand sentiment) Pleurez! pleurez mes yeux! tombez triste rosée Qu un rayon de soleil ne doit jamais tarir! S il me reste un espoir, c est de bientôt mourir! Pleurez toutes vox larmes! pleurez mes yeux! (Elle pleure. Se redressant.) Mais qui donc a voulu l éternité des pleurs? O chers ensevelis, trouvez-vous tant de charmes à léguer aux vivants d implacables douleurs? (Rêveuse) Hélas! je me souviens, il me disait Avec ton doux sourire… Tu ne saurais jamais conduire Qu aux chemins glorieux ou qu aux sentiers bénis! (douloureux) Ah! mon père! Hélas! (Rodrigue paraît) (Avec effroi) Rodrigue! Toi! toi! dans cette demeure! RODRIGUE (doux et résigne) Alors que je te laisse, ou devant que je meure Une dernière fois j ai voulu te revoir! CHIMÈNE (sombre) Tu viens me reprocher l éclat de ma colère! Pourtant, je sais de toi comme on fait son devoir! RODRIGUE (toujours loin d elle) De ce que tu peux faire Je ne reproche rien! Venant de toi, Chimène, tout est bien! En vain tu seras cruelle, Je garde à ton coeur fermé, Reconnaissance éternelle De m avoir un jour aimé! ENSEMBLE O jours de première tendresse, Même alors que vous n êtes plus En nous demeure votre ivresse, Comme on reste ébloui de rayons disparus! CHIMÈNE (émue) Qui de nous deux, Rodrigue, a la plus rude peine? RODRIGUE Celui-là qui n a pas l oubli de ses amours! CHIMÈNE Mais la gloire t attend aux chemins où tu cours! RODRIGUE Y devais-je courir en emportant ta haine! CHIMÈNE Va! je ne te hais point! RODRIGUE (Se rapprochant) Tu le dois! CHIMÈNE Je ne puis! Hélas! si d un autre que toi j avais appris les larmes, Mon âme aurait trouvé dans le bien de te voir L unique allégement qu elle eût pu recevoir; Mais quand c est de toi seul que viennent mes alarmes, Mon faible coeur… se brise… à te vouloir punir. Je demande ta vie… et crains de l obtenir! RODRIGUE (comme extasié) Ô miracle d amour! CHIMÈNE Ô comble de misères! ENSEMBLE Que de maux et de pleurs… nous coûteront nos pères! CHIMÈNE (s attendrissant de plus en plus) Ah! Rodrigue, qui l eût pensé? RODRIGUE Qui nous l aurait dit… Chimène? ENSEMBLE Que la félicité prochaine Aurait si loin de nous et si vite passé… pour jamais! CHIMÈNE Ah! tais-toi! C est assez de blasphèmes! J offense en t écoutant Et la tombe et le ciel! Va-t-en! va-t-en! Ah! RODRIGUE (qui a reculé sous le geste et les paroles de Chimène) Reçois donc mes adieux suprêmes! Je vais mourir! CHIMÈNE (faisant un pas vers Rodrigue comme pour le retenir) Mourir! Tu vas mourir! L ennemi qui t attend est-il se redoutable… Qu il donne l épouvante à cette âme indomptable? Ou n as-tu de courage… et d élan, et d ardeur… Que pour frapper mon père (avec des sanglots) et me briser le coeur? Tu vas mourir! Quoi! faut-il que ce soit Chimène qui t engage a conserver des jours qui lui sont un outrage! Va! cours! vole au combat! et qu importent la rage… Et le nombre… et l instant… et le lieu! Souviens-toi! Sauve, tu l as juré, ton pays et ton roi! Sauve, tu l as juré, ton pays et ton roi! Te dirai-je encore plus? (avec tendresse) Si jamais je t aimai, cher Rodrigue! Si jamais, je t aimai! Va! songe à ta défense! Pour forcer mon devoir et m imposer silence… Reviens! reviens! Reviens si grand! reviens chargé de tants d exploits qu on serait moins coupable en contemplant ta gloire d oublier le passé que d en garder mémoire! RODRIGUE (extasié) Pouvais-je le croire? Dieu! elle pardonnerait! CHIMÈNE Ah! mon coeur tressaille encore! Mais le Dieu que j implore Nous sépare à jamais! RODRIGUE Ô Dieu bon! Dieu bon! tu le permets! Ah! son coeur tressaille encore Pour celui qu elle adore, A jamais! son coeur tressaille encore! (avec éclat) Chimène! tu l as dit je reviendrai vainqueur! CHIMÈNE (éperdue) Ah! qu ai-je dit? Non! non! je n ai rien dit! rien! rien! rien! Ah! pas d oubli ni de pardon! Adieu! va-t-en! Ces mots me font mourir de honte! Ah! adieu! (Elle s enfuit) RODRIGUE Chimène! je reviendrai vainqueur! (transfiguré) Est-il quelque ennemi qu à présent je ne dompte? Paraissez Navarrais, Maures et Castillans! Et tout ce que l Espagne a nourri de vaillants! Accourez par les mers, par les monts et la plaine! La terre est à Rodrigue, et Rodrigue à Chimène! Paraissez, Navarrais, Maures et Castillans! RIDEAU Deuxième Tableau (Le camp de Rodrigue. A l horizon la mer C est le soir - Des capitaines et de soldats navarrais et castillans boivent et chantent. A gauche sont accroupis des prisonniers, des prisonnières et des musiciens maures. Désordre très pittoresque.) RIDEAU CAPITAINES et SOLDATS Vivons sans peur et sans remords! L Enfer est un mensonge… et le ciel est un rêve! Mais la terre est à nous! Car nous sommes les forts! Et notre droit c est notre glaive! Vivons sans peur et sans remords! Du vin, de l amour, de l or! Chaque jour fêtes nouvelles! (Rodrigue paraît suivi d un groupe de capitaines et de soldats) RODRIGUE (avec autorité, aux soldats que boivent) Arrêtez! Est-ce ainsi qu à la honteuse ivresse Vous employez le temps que le Seigneur vous laisse pour vous préparer à la mort? (Mouvement) LES CAPITAINES et LES SOLDATS (avec assurance) La victoire est à nous! RODRIGUE Non! Une armée immense S étend autour de nous et grandit et s avance… Contre elle il faut tenter notre suprême effort! SOLDATS (1er Groupe) Non! pourquoi résister? partons avant l aurore! fuyons! fuyons! RODRIGUE Qui parle de s enfuir? SOLDATS (2d groupe, pour Rodrigue) Nous sommes avec toi! RODRIGUE Nous pouvons vaincre encore! SOLDATS (1er groupe) Le sort est contre nous! RODRIGUE (avec élan) On peut toujours mourir! SOLDATS (2d groupe) Tu ne seras pas seul à l instant redoutable! Il en est parmi nous qui ne désertent pas! SOLDATS (1er groupe) Combattre sans espoir est démence coupable! Nous gardons notre sang pour de plus sûrs combats! RODRIGUE Lâches! lâches! fuyez! (Rodrigue d un dernier geste chasse les fuyards, puis se tourne vers soldats. La nuit est venue peu à peu.) Amis au coeur fidèle Cherchez dans le repos l oubli de votre sort! Que l ange du sommeil effleure de son aile Les fronts déjà promis à l ange de la mort! Moi! je veillerai! (Les soldats s éloignent. Les derniers appels des trompettes, se répondent puis s éloignent , au loin dans le camp. Tout repose.) Troisième Tableau (La tente de Rodrigue) RODRIGUE (seul, avec un profond découragement) Ah! tout est bien fini… Mon beau rêve de gloire, Mes rêves de bonheur S envolent à jamais! Tu m as pris mon amour… Tu me prends la victoire… Seigneur, je me soumets! O souverain, ô juge, ô père, Toujours voilé, présent toujours, Je t adorais au temps prospère Et te bénis aux sombres jours! Je vais où la loi me réclame Libre de tous regrets humains! Ô souverain, ô juge, ô père, Ta seule image est dans mon âme Que je remets entre tes mains! (Un lueur grandit peu à peu et se détache sur le fond de la tente. C est l image vivante de Saint Jacques le Major qui apparaît pendant que des voix célestes se font entendre) VOIX DU CIEL Ô souverain, ô juge, ô père! Toujours voilé, toujours présent! RODRIGUE (extasié) Ces voix! ces voix d en haut! la nuit s éclaire! SAINT JACQUES Rodrigue! RODRIGUE Saint Jacques! SAINT JACQUES Jusqu au ciel a monté ta prière! RODRIGUE Naguère, il a reçu ma foi! Il m entendait! il vient à moi! à moi! Ô souverain ô juge, ô père! Ta seule image est dans mon âme que je remets entre tes mains Ô souverain ô juge, ô père! SAINT JACQUES Qui donne le fardeau prête aussi le soutien… Et je l apporte au fils, au soldat, au chrétien! VOIX DU CIEL Ô souverain ô juge, ô père! Tu seras vainqueur! Va! Va! Va! SAINT JACQUES (répétant, comme en extase) Tu seras vainqueur! (La vision disparaît.) RODRIGUE (avec égarement) La vision s efface! (comme transfiguré) Ah! le souffle d en haut a passé sur ma face! Dieu m a parlé! (La fondre éclate, le tonnerre gronde avec force. La tente s engloutit ) Quatrième Tableau (Le camp - La bataille Lever du jour. Les soldats accourent par groupes. Les fanfares se rapprochent. Rodrigue. Soldats.) SOLDATS Alerte, amis, aux armes! Aux armes! Nous somme prêts! mourons en combattant! RODRIGUE (à l armée) Dieu m a parlé! Compagnons! plus d alarmes! LES SOLDATS Nous sommes prêts! mourons! RODRIGUE C est le triomphe, et non la mort qui nous attend! (Il tire son épée; tous l imitent) RODRIGUE ET LES SOLDATS O noble lame étincelante, Pure comme un regard d enfant! Combats, gardienne vigilantes, Et fais l honneur seul triomphant! Dans les batailles nouvelles Tressaille encore à sa clarté! Mais sois de flamme. et prends des ailes. Pour l Espagne et sa liberté! En avant! en avant! en avant!!! RIDEAU Massenet,Jules/Le Cid/IV
https://w.atwiki.jp/mokensyoushi/
ここはピクシブ、ツイッターでなどで活動していたもし氏の作品のパクリ・トレス検証まとめwikiです。 情報が入り次第更新していきたいと思いますが、皆様のご協力をお願いします。 また編集が済んでいない部分も多いため更新していただけるとありがたいです。 現在もし氏はピクシブ、ツイッター、ホームページなどを削除・閉鎖し姿を消しており連絡が取れない状況です。 ■もし氏Twitter https //twitter.com/moshi_nk (現在削除済み) https //twitter.com/kubiochite (2021/3/26現在稼働中) ■もし氏Twitpic http //twitpic.com/photos/moshi_nk(現在も閲覧可能) ■もし氏pixivアカウント http //www.pixiv.net/member.php?id=246660 (現在削除済み) ■もし氏ARTstreetアカウント https //medibang.com/author/15210271/ (2021/3/26現在稼働中) ■もし氏個人サイト http //echo.boo.jp/dalc-rose/ (現在削除済み) ■もし氏ブログ http //blog.echo.boo.jp/(現在も閲覧可能・2011年12月29日より更新停止中) ■もし氏検証スレ 【大量パク】DalcRoseもし検証【回収返金なし廃棄指示】 http //kohada.2ch.net/test/read.cgi/doujin/1377135625/(スレ落ちしてます) 【大量パク】DalcRoseもし検証【回収返金なし廃棄指示】2 http //kohada.2ch.net/test/read.cgi/doujin/1378684830/l50(現行スレ) ■管理者直通のアドレス mokensyoushi☆gmail.com (☆を@に変えてください) 7日以内に返信が来ない場合は申し訳ありませんが再度送信していただけますようお願いします -
https://w.atwiki.jp/gothlolifukubukuro/pages/34.html
ジュリエット届きました。 生成りのティアードスカート(26250) 福袋の頁にあったニットボレロのピンク(18900) 福袋の頁にあったタートルネック(12390) 黒水玉ワンピ(39900) 赤カットソー(19950) 生成りのエコバック 合計117,390円程度 ボレロとカットソーはオクのと同じ予感。 個人的にワンピースがあたりで嬉しい。 プリント柄がよかったけど福袋だしそこまで我侭はいえないかな。 再販あるみたいですね。 同じくジュリエットが届いたのでレポ 初めて買ったんだけど、どうやって着ようか悩んでる バックサテンシャンタン生地の薔薇付ピンクドレス(\43050-) レースのついたシフォン生地の黒色トップス(\17850-) 袖がフリルの赤色スクエアネックカットソー(\21000-) カタログ掲載商品のニットボレロ(\18900-) カタログ掲載商品のプリントスカート(タグがなかったからカタログで\22050-) 生成りのエコバックに入って、合計122,850円 全体的にトーション・ケミカルレースとフリルの詰めあわせ カットソーが甘ロリ向けな気がしてならない スカートが落ち着いていて大人っぽいのであたりかな 同じくジュリエットが届いたのでレポ 初めて買ったんだけど、どうやって着ようか悩んでる バックサテンシャンタン生地の薔薇付ピンクドレス(\43050-) レースのついたシフォン生地の黒色トップス(\17850-) 袖がフリルの赤色スクエアネックカットソー(\21000-) カタログ掲載商品のニットボレロ(\18900-) カタログ掲載商品のプリントスカート(タグがなかったからカタログで\22050-) 生成りのエコバックに入って、合計122,850円 全体的にトーション・ケミカルレースとフリルの詰めあわせ カットソーが甘ロリ向けな気がしてならない スカートが落ち着いていて大人っぽいのであたりかな juliette 再販分届いたので勝手にレポ ジャケット:赤系タータンチェックでファー、ベロアリボン付 商品名不明(42000円) JSK:ル イストワール ローブ (39900円) ブラウス:黒ボウタイ付 商品名不明(24150円) の計3点。すべて過去商品 10万は超えてるけど4~6点って書いてあったのに3点しか入ってなくてがっかり
https://w.atwiki.jp/oper/pages/1729.html
Scène VII 2d Tableau La Grande Place à Jérusalem (le Xyste) (A droite l entrée principale du Palais d Hérode avec un vaste escalier. A gauche, une suite de terrasses aboutissant à la porte dorée. Dans le lointain, la vue de la ville, l aspect du Temple de Salomon sur le Mont Moriah. Une multitude se presse, aux environs du Palais en attendant l arrivée d Hérode. Dernières heures du jour.) LA FOULE Roi! que ta superbe vaillance Nous sauve d un joug détesté! Gloire! Gloire! gloire à l alliance qui nous promet la liberté! Roi! que ta superbe vaillance Nous sauve d un joug détesté! Gloire! Gloire au Tétrarque à l alliance qui nous promet la liberté! Roi! tu nous sauves d un joug détesté! (Hérode descend les degrés du Palais; il est suivi des Messagers.) LA FOULE Gloire à toi! Gloire à toi! HÉRODE (à la foule, avec grandeur) Ô peuple, le moment est venu de te faire connaître le projet que caresse ton maître Depuis assez longtemps nous nous courbons flétris Par le joug! Le romain n a que notre mépris, Mais installé chez nous avec un front superbe, Il donne à ses troupeaux le meilleur de notre herbe! Peuple, pour le chasser seconde de mon effort Voici mes alliés! Es-tu prêt? LES MESSAGERS et LA FOULE Oui, la mort! la mort Ou notre indépendance! HÉRODE Et vous mourrez en braves? LES MESSAGERS et LA FOULE Oui! nous le jurons! plus d entraves! HÉRODE Si leurs cohortes, là, surgissaient tout à coup? LES MESSAGERS et LA FOULE Nous n aurions qu un seul cri la mort! la mort! ou notre indépendance! Nous le jurons! la mort! LA FOULE La mort! la mort! la mort! la mort! Nous le jurons! LES MESSAGERS Aux Romains orgueilleux de nous avoir soumis! HÉRODE, PHANUEL et LA FOULE Aux Romains! faisons une guerre sacrée! LES MESSAGERS Faisons une guerre sacrée! HÉRODE, PHANUEL et LA FOULE Aux Romains orgueilleux! LES MESSAGERS Jetons-nous bravement dans les rangs ennemis! TOUS Frappons cette race abhorrée! Aux Romains orgueilleux de nous avoir soumis! Faisons une guerre sacrée! Frappons! Frappons! frappons cette race! (abhorrée!) Frappons-les ces Romains! ces Romains orgueilleux! Frappons ces Romains orgueilleux! Jetons-nous dans les ranges ennemis! Frappons! frappons ces Romains! frappons ces Romains! frappons ces Romains orgueilleux! Frappons-les! HÉRODE C est bien! vous, messagers, dites quels sont vos gages? Des hommes? Des armes? La mort! ou notre indépendance! PHANUEL Parlez! Que nous apportez-vous? Des hommes! Des armes! LES MESSAGERS Tu nous garderas comme otages! Quinze mile chevaux! Des hommes! Des armes! TOUS Cent chariots! des hommes! des armes! La mort! ou notre indépendance! Frappons-les ces Romains, ces Romains orgueilleux! Frappons-les! frappons-les ces Romains, Frappons ces Romains orgueilleux! (Hérodiade paraît au haut de l escalier,d un geste elle a impose silence à la foule qui frappée de stupeur, écoute les fanfares romaines encore très lointaines. Tous s arrêtent interdits.) HÉRODIADE (ironiquement et avec autorité) Vous qui tenez conseil sur les places publiques... Cessez donc un moment vos appels héroïques; Ecoutez! écoutez! là-bas vous entendrez monter les pas du consul et de son escorte? HÉRODE et PHANUEL (avec effroi) Vitellius! (elle descend) LES MESSAGERS et LA FOULE (atterrés) Ô Dieux! nous sommes perdus! HÉRODE (à Hérodiade) Vitellius! LES MESSAGERS et LA FOULE Vitellius! HÉRODIADE (à la foule) Il est à notre porte! HÉRODE Que faire? LES MESSAGERS et LA FOULE Nous sommes perdus! HÉRODIADE Peut être! (Fanfares romaines plus rapprochées.) HÉRODIADE (à Hérode, à part) Toi, ne tremble plus; (avec ardeur et tendresse) …ton existence m est plus chère... plus chère que la mienne...que la mienne... Hérode...je t aime! (avec audace) Je saurai les tromper! (Des femmes envahissent la place en courant éperdues – mouvement général - tout le monde s agite confusément – les Juifs, les Pharisiens, etc... tous enfin se pressent à leur tour pour découvrir les Romains. Hérodiade, Hérode et Phanuel forment un groupe isolé. Le premier plan de la scène est abandonné par la foule qui s est portée au fond. La nuit est venue peu à peu.) SOPRANI Ah! le Romain! le Romain! le Romain! HÉRODIADE (calme et fière) Qu il vienne! LA FOULE L airain retentit! le Romain! le Romain! Sur leur passage Tout cède et s enfuit! Sinistre présage! le Romain! Ah! (Vitellius a paru - il est dans une grande litière que soutiennent 3 esclaves éthiopiens – des licteurs l entourent; ils portent des torches. Le Proconsul a été précédé par des Vélites et des porteurs d enseigne avec les aigles dorées qui surmontent les drapeaux de pourpre. Hérode, confus et troublé, va à la rencontre de Vitellius. Hérodiade s avance également. Vitellius descend lentement de sa litière et observe avec défiance le trouble général. La foule s est inclinée.) VITELLIUS (sombre) A mon approche quel trouble fait détourner les yeux? Quel trouble... fait détourner les yeux? S il me faut réprimer un complot odieux, qu ils tremblent! Le châtiment est proche pour ce peuples orgueilleux! HÉRODE A son approche quel trouble me fait baisser les yeux? Quel trouble me fait baisser les yeux! Sachons cacher nos voeux! Sachons cacher encor Et ma haine et mes voeux! Qu ils tremblent! Car la vengeance est proche contre un joug odieux! VITELLIUS Quel trouble fait détourner les yeux? Qu ils tremblent! qu ils tremblent! Le châtiment est proche! Qu ils tremblent! PHANUEL A leur approche Quel trouble leur fait baisser les yeux? Est-ce le châtiment? le châtiment qui commence pour eux! Ils tremblent! Jean, ton heure est proche! Et Dieu va combler tes voeux! LES MESSAGERS Quel trouble... Nous fait baisser les yeux? Quel trouble! Sachons cacher notre haine et nos voeux! Qu ils tremblent! Car la vengeance est proche, plus de joug! Contre un maître odieux! HÉRODIADE L ingrat qui m oubliait se courbe devant eux! Il tremble! et le sort comble mes voeux! Il tremble! il tremble! le sort comble mes voeux! LA FOULE Quel trouble... nous fait baisser les yeux! Quel trouble... Qu ils tremblent! Qu ils tremblent... Non! plus de joug odieux! LES ROMAINS Qu ils tremblent! VITELLIUS (très accentué) A mon approche quel trouble fait détourner les yeux! S il me faut réprimer un complot odieux! Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Le châtiment est proche Pour ce peuple orgueilleux! Le châtiment est proche pour ce peuple! Le châtiment est proche pour ce peuple! Pour ce peuple orgueilleux! pour ce peuple! Le châtiment est proche, pour ce peuple! Pour ce peuple orgueilleux! pour ce peuple! Ils tremblent! Voyez! ils tremblent! LES ROMAINS (très accentué) A notre approche quel trouble fait détourner les yeux? S il nous faut réprimer un complot odieux! Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Le châtiment est proche Pour ce peuple orgueilleux! Le châtiment est proche, pour ce peuple! Le châtiment est proche, pour ce peuple! Pour ce peuple orgueilleux! pour ce peuple! Le châtiment est proche, pour ce peuple! Pour ce peuple orgueilleux! pour ce peuple! Ils tremblent! Voyez! ils tremblent! VITELLIUS (très accentué) A mon approche quel trouble fait détourner les yeux! S il me faut réprimer un complot odieux! Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Le châtiment est proche Pour ce peuple orgueilleux! Le châtiment est proche pour ce peuple! Le châtiment est proche pour ce peuple! Pour ce peuple orgueilleux! pour ce peuple! Le châtiment es proche, pour ce peuple! Pour ce peuple orgueilleux! pour ce peuple Ils tremblent! Voyez! ils tremblent! LES ROMAINS (très accentué) A notre approche quel trouble fait détourner les yeux! S il me faut réprimer un complot odieux! Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Le châtiment est proche Pour ce peuple orgueilleux! Le châtiment est proche pour ce peuple! Le châtiment est proche pour ce peuple! Pour ce peuple orgueilleux! pour ce peuple! Le châtiment es proche, pour ce peuple! Pour ce peuple orgueilleux! pour ce peuple Ils tremblent! Voyez! ils tremblent! HÉRODE Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Car la vengeance est proche! Oui, la vengeance est proche, Contre un joug odieux! Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Sachons cacher encor nos voeux! Notre haine et nos voeux! Sachons cacher encor notre haine et nos voeux! et nos voeux! notre haine! PHANUEL Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Ô Jean, ton heure est proche! Ô Jean, ton heure est proche! Et Dieu comble tes voeux! Ils tremblant! Ils tremblent! Ils tremblent! Ô Jean! ô Jean! Dieu va donc combler tes voeux! Dieu va combler tes voeux! Dieu va combler tes voeux! Ô Jean! proche. LES MESSAGERS Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Car la vengeance est proche! Oui, la vengeance est proche, Contre un joug odieux! Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Sachons cacher...notre haine! et nos voeux Notre haine et nos voeux! LA FOULE Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Car la vengeance est proche Contre un joug odieux! Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Sachons cacher notre haine ! notre haine et nos voeux! Notre haine! et nos voeux! HÉRODIADE Le sort va donc combler mes voeux! Il m oubliait! il m oubliait! Mais mon triomphe est proche, Le sort comble mes voeux! Il tremblent! Il tremble! Il tremble! L ingrat! l ingrat! qui m oubliait se courbe devant eux! Ah! l ingrat! l ingrat! se courbe devant eux! VITELLIUS A mon approche, Quel trouble fait détourner les yeux? Quel trouble fait détourner les yeux? Sachons encor réprimer un complot odieux! Le châtiment est proche Pour ce peuple orgueilleux! Pour ce peuple orgueilleux! orgueilleux! Pour ce peuple orgueilleux! Qu ils tremblent! LA FOULE Pourquoi... baisser... les yeux? Pourquoi? Sachons cacher notre haine et nos voeux! Notre haine et nos voeux! Sachons dissimuler encor nos voeux! Notre haine et nos voeux! Qu ils tremblent! LES ROMAINS Quel trouble fait détourner les yeux? Quel trouble fait détourner les yeux? Le châtiment est proche Pour ce peuple orgueilleux! Pour ce peuple orgueilleux! Pour ce peuple orgueilleux! orgueilleux! Qu ils tremblent! LES MESSAGERS Pourquoi... baisser...les yeux? Sachons cacher notre haine et nos voeux! Notre haine et nos voeux! Sachons cacher encor nos voeux! Notre voeux! Notre haine et nos voeux! Qu ils tremblent! HÉRODIADE Quel trouble fait détourner les yeux? L ingrat qui m oubliait se courbe devant eux! Hélas! l ingrat qui m oubliait se courbe devant eux! Il tremble! mais mon triomphe est proche! Et le sort va combler mes voeux! Le sort comble mes voeux! mes voeux! HÉRODE Quel trouble me fait baisser les yeux? Sachons cacher encor ma haine et mes voeux! ma haine et mes voeux! Car la vengeance est proche Contre un jong odieux! Contre un jong odieux! odieux! Contre un jong odieux! Qu ils tremblent! PHANUEL Quel trouble leur fait baisser les yeux? Ô Jean! ô Jean! Dieu comble tes voeux! Oui! Dieu comble tes voeux! Ô Jean, ton heure est proche et Dieu va combler tes voeux! Et Dieu comble tes voeux! Qu ils tremblent! VITELLIUS (au peuple) Je représente ici César et la justice, Peuple, quels son tes voeux? LES MESSAGERS et LA FOULE (La foule interdite, revenue de sa surprise, entoure le Proconsul) Rome... nous est propice? Qu elle nous rende alors le Temple d Israël! Et fasse respecter le grand Prêtre à l autel! VITELLIUS Tibère exaucera ce voeu trop légitime. Célébrez le pouvoir d un vainqueur magnanime! LES MESSAGERS et LA FOULE Salut au Proconsul! à Tibère! à César! Salut! LES MESSAGERS et LA FOULE Salut au Proconsul! aux Romains! aux Soldats! Salut! CANANÉENNES (Femmes et enfants, dans la coulisse) Hosannah! (Au moment où Vitellius, Hérodiade, Hérode, Phanuel et les Romains vont se diriger vers le palais, on entend les voix des Cananéennes – Tous s arrêtent. Bientôt paraissent Jean et Salomé – des enfants les précèdent, des femmes les suivent agitant des palmes fraîches. Le blanches clartés de la lune les enveloppent comme dans une auréole.) Hosannah! Hosannah! (Vitellius s arrête, surpris des témoignages de respect et d amour que l on donne à Jean en scène, au fond du théâtre) Hosannah! Hosannah! Gloire à celui qui vient au nom du Seigneur! SALOMÉ Hosannah! Hosannah Gloire à celui qui vient au nom du Seigneur! HÉRODE (à Phanuel, avec une vive surprise) Vois! c est elle! PHANUEL Salomé! HÉRODE Mon coeur l avait bien reconnue! HÉRODIADE (à part, observant Hérode) Il connaît cette enfant! Il pâlit à sa vue! CANANÉENNES Hosannah! Hosannah! Hosannah! Hosannah! SALOMÉ Hosannah! Hosannah! VITELLIUS (avec ironie) Quel est ce mortel triomphant! SALOMÉ (à Vitellius avec foi) C est le prophète du Dieu vivant! VITELLIUS (à Hérodiade) Un fou! HÉRODIADE (à Vitellius perfide et frémissante) Qui rêve la puissance... Regarde... (à part) Je tiens ma vengeance! LES CANANÉENNES Gloire à celui qui vient au nom du Seigneur! JEAN (à Vitellius et à la Foule, avec un accent inspiré) Toute justice vient du ciel! Homme, ta puissance fragile Se brise aux pieds de l Eternel comme un vase d argile! Toute justice vient du ciel! Toute justice vient du ciel! (Les Cananéennes entourent Jean – Hérodiade et Vitellius entrent dans le palais, tandis que Phanuel entrent. Hérode qui ne peut détacher ses regards de Salomé.) LES CANANÉENNES Hosannah! Gloire au Seigneur! au Seigneur! au Seigneur! Salut! Gloire au Seigneur! LES ROMAINS Salut! au Proconsul! à César! à César! Salut! au Proconsul! LES MESSAGERS et LA FOULE Salut! au Proconsul! aux Romains! aux Romains! Salut! au Proconsul! (La Foule acclame le Proconsul.) RIDEAU Scène VII 2d Tableau La Grande Place à Jérusalem (le Xyste) (A droite l entrée principale du Palais d Hérode avec un vaste escalier. A gauche, une suite de terrasses aboutissant à la porte dorée. Dans le lointain, la vue de la ville, l aspect du Temple de Salomon sur le Mont Moriah. Une multitude se presse, aux environs du Palais en attendant l arrivée d Hérode. Dernières heures du jour.) LA FOULE Roi! que ta superbe vaillance Nous sauve d un joug détesté! Gloire! Gloire! gloire à l alliance qui nous promet la liberté! Roi! que ta superbe vaillance Nous sauve d un joug détesté! Gloire! Gloire au Tétrarque à l alliance qui nous promet la liberté! Roi! tu nous sauves d un joug détesté! (Hérode descend les degrés du Palais; il est suivi des Messagers.) LA FOULE Gloire à toi! Gloire à toi! HÉRODE (à la foule, avec grandeur) Ô peuple, le moment est venu de te faire connaître le projet que caresse ton maître Depuis assez longtemps nous nous courbons flétris Par le joug! Le romain n a que notre mépris, Mais installé chez nous avec un front superbe, Il donne à ses troupeaux le meilleur de notre herbe! Peuple, pour le chasser seconde de mon effort Voici mes alliés! Es-tu prêt? LES MESSAGERS et LA FOULE Oui, la mort! la mort Ou notre indépendance! HÉRODE Et vous mourrez en braves? LES MESSAGERS et LA FOULE Oui! nous le jurons! plus d entraves! HÉRODE Si leurs cohortes, là, surgissaient tout à coup? LES MESSAGERS et LA FOULE Nous n aurions qu un seul cri la mort! la mort! ou notre indépendance! Nous le jurons! la mort! LA FOULE La mort! la mort! la mort! la mort! Nous le jurons! LES MESSAGERS Aux Romains orgueilleux de nous avoir soumis! HÉRODE, PHANUEL et LA FOULE Aux Romains! faisons une guerre sacrée! LES MESSAGERS Faisons une guerre sacrée! HÉRODE, PHANUEL et LA FOULE Aux Romains orgueilleux! LES MESSAGERS Jetons-nous bravement dans les rangs ennemis! TOUS Frappons cette race abhorrée! Aux Romains orgueilleux de nous avoir soumis! Faisons une guerre sacrée! Frappons! Frappons! frappons cette race! (abhorrée!) Frappons-les ces Romains! ces Romains orgueilleux! Frappons ces Romains orgueilleux! Jetons-nous dans les ranges ennemis! Frappons! frappons ces Romains! frappons ces Romains! frappons ces Romains orgueilleux! Frappons-les! HÉRODE C est bien! vous, messagers, dites quels sont vos gages? Des hommes? Des armes? La mort! ou notre indépendance! PHANUEL Parlez! Que nous apportez-vous? Des hommes! Des armes! LES MESSAGERS Tu nous garderas comme otages! Quinze mile chevaux! Des hommes! Des armes! TOUS Cent chariots! des hommes! des armes! La mort! ou notre indépendance! Frappons-les ces Romains, ces Romains orgueilleux! Frappons-les! frappons-les ces Romains, Frappons ces Romains orgueilleux! (Hérodiade paraît au haut de l escalier,d un geste elle a impose silence à la foule qui frappée de stupeur, écoute les fanfares romaines encore très lointaines. Tous s arrêtent interdits.) HÉRODIADE (ironiquement et avec autorité) Vous qui tenez conseil sur les places publiques... Cessez donc un moment vos appels héroïques; Ecoutez! écoutez! là-bas vous entendrez monter les pas du consul et de son escorte? HÉRODE et PHANUEL (avec effroi) Vitellius! (elle descend) LES MESSAGERS et LA FOULE (atterrés) Ô Dieux! nous sommes perdus! HÉRODE (à Hérodiade) Vitellius! LES MESSAGERS et LA FOULE Vitellius! HÉRODIADE (à la foule) Il est à notre porte! HÉRODE Que faire? LES MESSAGERS et LA FOULE Nous sommes perdus! HÉRODIADE Peut être! (Fanfares romaines plus rapprochées.) HÉRODIADE (à Hérode, à part) Toi, ne tremble plus; (avec ardeur et tendresse) …ton existence m est plus chère... plus chère que la mienne...que la mienne... Hérode...je t aime! (avec audace) Je saurai les tromper! (Des femmes envahissent la place en courant éperdues – mouvement général - tout le monde s agite confusément – les Juifs, les Pharisiens, etc... tous enfin se pressent à leur tour pour découvrir les Romains. Hérodiade, Hérode et Phanuel forment un groupe isolé. Le premier plan de la scène est abandonné par la foule qui s est portée au fond. La nuit est venue peu à peu.) SOPRANI Ah! le Romain! le Romain! le Romain! HÉRODIADE (calme et fière) Qu il vienne! LA FOULE L airain retentit! le Romain! le Romain! Sur leur passage Tout cède et s enfuit! Sinistre présage! le Romain! Ah! (Vitellius a paru - il est dans une grande litière que soutiennent 3 esclaves éthiopiens – des licteurs l entourent; ils portent des torches. Le Proconsul a été précédé par des Vélites et des porteurs d enseigne avec les aigles dorées qui surmontent les drapeaux de pourpre. Hérode, confus et troublé, va à la rencontre de Vitellius. Hérodiade s avance également. Vitellius descend lentement de sa litière et observe avec défiance le trouble général. La foule s est inclinée.) VITELLIUS (sombre) A mon approche quel trouble fait détourner les yeux? Quel trouble... fait détourner les yeux? S il me faut réprimer un complot odieux, qu ils tremblent! Le châtiment est proche pour ce peuples orgueilleux! HÉRODE A son approche quel trouble me fait baisser les yeux? Quel trouble me fait baisser les yeux! Sachons cacher nos voeux! Sachons cacher encor Et ma haine et mes voeux! Qu ils tremblent! Car la vengeance est proche contre un joug odieux! VITELLIUS Quel trouble fait détourner les yeux? Qu ils tremblent! qu ils tremblent! Le châtiment est proche! Qu ils tremblent! PHANUEL A leur approche Quel trouble leur fait baisser les yeux? Est-ce le châtiment? le châtiment qui commence pour eux! Ils tremblent! Jean, ton heure est proche! Et Dieu va combler tes voeux! LES MESSAGERS Quel trouble... Nous fait baisser les yeux? Quel trouble! Sachons cacher notre haine et nos voeux! Qu ils tremblent! Car la vengeance est proche, plus de joug! Contre un maître odieux! HÉRODIADE L ingrat qui m oubliait se courbe devant eux! Il tremble! et le sort comble mes voeux! Il tremble! il tremble! le sort comble mes voeux! LA FOULE Quel trouble... nous fait baisser les yeux! Quel trouble... Qu ils tremblent! Qu ils tremblent... Non! plus de joug odieux! LES ROMAINS Qu ils tremblent! VITELLIUS (très accentué) A mon approche quel trouble fait détourner les yeux! S il me faut réprimer un complot odieux! Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Le châtiment est proche Pour ce peuple orgueilleux! Le châtiment est proche pour ce peuple! Le châtiment est proche pour ce peuple! Pour ce peuple orgueilleux! pour ce peuple! Le châtiment est proche, pour ce peuple! Pour ce peuple orgueilleux! pour ce peuple! Ils tremblent! Voyez! ils tremblent! LES ROMAINS (très accentué) A notre approche quel trouble fait détourner les yeux? S il nous faut réprimer un complot odieux! Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Le châtiment est proche Pour ce peuple orgueilleux! Le châtiment est proche, pour ce peuple! Le châtiment est proche, pour ce peuple! Pour ce peuple orgueilleux! pour ce peuple! Le châtiment est proche, pour ce peuple! Pour ce peuple orgueilleux! pour ce peuple! Ils tremblent! Voyez! ils tremblent! VITELLIUS (très accentué) A mon approche quel trouble fait détourner les yeux! S il me faut réprimer un complot odieux! Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Le châtiment est proche Pour ce peuple orgueilleux! Le châtiment est proche pour ce peuple! Le châtiment est proche pour ce peuple! Pour ce peuple orgueilleux! pour ce peuple! Le châtiment es proche, pour ce peuple! Pour ce peuple orgueilleux! pour ce peuple Ils tremblent! Voyez! ils tremblent! LES ROMAINS (très accentué) A notre approche quel trouble fait détourner les yeux! S il me faut réprimer un complot odieux! Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Le châtiment est proche Pour ce peuple orgueilleux! Le châtiment est proche pour ce peuple! Le châtiment est proche pour ce peuple! Pour ce peuple orgueilleux! pour ce peuple! Le châtiment es proche, pour ce peuple! Pour ce peuple orgueilleux! pour ce peuple Ils tremblent! Voyez! ils tremblent! HÉRODE Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Car la vengeance est proche! Oui, la vengeance est proche, Contre un joug odieux! Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Sachons cacher encor nos voeux! Notre haine et nos voeux! Sachons cacher encor notre haine et nos voeux! et nos voeux! notre haine! PHANUEL Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Ô Jean, ton heure est proche! Ô Jean, ton heure est proche! Et Dieu comble tes voeux! Ils tremblant! Ils tremblent! Ils tremblent! Ô Jean! ô Jean! Dieu va donc combler tes voeux! Dieu va combler tes voeux! Dieu va combler tes voeux! Ô Jean! proche. LES MESSAGERS Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Car la vengeance est proche! Oui, la vengeance est proche, Contre un joug odieux! Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Sachons cacher...notre haine! et nos voeux Notre haine et nos voeux! LA FOULE Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Car la vengeance est proche Contre un joug odieux! Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Qu ils tremblent! Sachons cacher notre haine ! notre haine et nos voeux! Notre haine! et nos voeux! HÉRODIADE Le sort va donc combler mes voeux! Il m oubliait! il m oubliait! Mais mon triomphe est proche, Le sort comble mes voeux! Il tremblent! Il tremble! Il tremble! L ingrat! l ingrat! qui m oubliait se courbe devant eux! Ah! l ingrat! l ingrat! se courbe devant eux! VITELLIUS A mon approche, Quel trouble fait détourner les yeux? Quel trouble fait détourner les yeux? Sachons encor réprimer un complot odieux! Le châtiment est proche Pour ce peuple orgueilleux! Pour ce peuple orgueilleux! orgueilleux! Pour ce peuple orgueilleux! Qu ils tremblent! LA FOULE Pourquoi... baisser... les yeux? Pourquoi? Sachons cacher notre haine et nos voeux! Notre haine et nos voeux! Sachons dissimuler encor nos voeux! Notre haine et nos voeux! Qu ils tremblent! LES ROMAINS Quel trouble fait détourner les yeux? Quel trouble fait détourner les yeux? Le châtiment est proche Pour ce peuple orgueilleux! Pour ce peuple orgueilleux! Pour ce peuple orgueilleux! orgueilleux! Qu ils tremblent! LES MESSAGERS Pourquoi... baisser...les yeux? Sachons cacher notre haine et nos voeux! Notre haine et nos voeux! Sachons cacher encor nos voeux! Notre voeux! Notre haine et nos voeux! Qu ils tremblent! HÉRODIADE Quel trouble fait détourner les yeux? L ingrat qui m oubliait se courbe devant eux! Hélas! l ingrat qui m oubliait se courbe devant eux! Il tremble! mais mon triomphe est proche! Et le sort va combler mes voeux! Le sort comble mes voeux! mes voeux! HÉRODE Quel trouble me fait baisser les yeux? Sachons cacher encor ma haine et mes voeux! ma haine et mes voeux! Car la vengeance est proche Contre un jong odieux! Contre un jong odieux! odieux! Contre un jong odieux! Qu ils tremblent! PHANUEL Quel trouble leur fait baisser les yeux? Ô Jean! ô Jean! Dieu comble tes voeux! Oui! Dieu comble tes voeux! Ô Jean, ton heure est proche et Dieu va combler tes voeux! Et Dieu comble tes voeux! Qu ils tremblent! VITELLIUS (au peuple) Je représente ici César et la justice, Peuple, quels son tes voeux? LES MESSAGERS et LA FOULE (La foule interdite, revenue de sa surprise, entoure le Proconsul) Rome... nous est propice? Qu elle nous rende alors le Temple d Israël! Et fasse respecter le grand Prêtre à l autel! VITELLIUS Tibère exaucera ce voeu trop légitime. Célébrez le pouvoir d un vainqueur magnanime! LES MESSAGERS et LA FOULE Salut au Proconsul! à Tibère! à César! Salut! LES MESSAGERS et LA FOULE Salut au Proconsul! aux Romains! aux Soldats! Salut! CANANÉENNES (Femmes et enfants, dans la coulisse) Hosannah! (Au moment où Vitellius, Hérodiade, Hérode, Phanuel et les Romains vont se diriger vers le palais, on entend les voix des Cananéennes – Tous s arrêtent. Bientôt paraissent Jean et Salomé – des enfants les précèdent, des femmes les suivent agitant des palmes fraîches. Le blanches clartés de la lune les enveloppent comme dans une auréole.) Hosannah! Hosannah! (Vitellius s arrête, surpris des témoignages de respect et d amour que l on donne à Jean en scène, au fond du théâtre) Hosannah! Hosannah! Gloire à celui qui vient au nom du Seigneur! SALOMÉ Hosannah! Hosannah Gloire à celui qui vient au nom du Seigneur! HÉRODE (à Phanuel, avec une vive surprise) Vois! c est elle! PHANUEL Salomé! HÉRODE Mon coeur l avait bien reconnue! HÉRODIADE (à part, observant Hérode) Il connaît cette enfant! Il pâlit à sa vue! CANANÉENNES Hosannah! Hosannah! Hosannah! Hosannah! SALOMÉ Hosannah! Hosannah! VITELLIUS (avec ironie) Quel est ce mortel triomphant! SALOMÉ (à Vitellius avec foi) C est le prophète du Dieu vivant! VITELLIUS (à Hérodiade) Un fou! HÉRODIADE (à Vitellius perfide et frémissante) Qui rêve la puissance... Regarde... (à part) Je tiens ma vengeance! LES CANANÉENNES Gloire à celui qui vient au nom du Seigneur! JEAN (à Vitellius et à la Foule, avec un accent inspiré) Toute justice vient du ciel! Homme, ta puissance fragile Se brise aux pieds de l Eternel comme un vase d argile! Toute justice vient du ciel! Toute justice vient du ciel! (Les Cananéennes entourent Jean – Hérodiade et Vitellius entrent dans le palais, tandis que Phanuel entrent. Hérode qui ne peut détacher ses regards de Salomé.) LES CANANÉENNES Hosannah! Gloire au Seigneur! au Seigneur! au Seigneur! Salut! Gloire au Seigneur! LES ROMAINS Salut! au Proconsul! à César! à César! Salut! au Proconsul! LES MESSAGERS et LA FOULE Salut! au Proconsul! aux Romains! aux Romains! Salut! au Proconsul! (La Foule acclame le Proconsul.) RIDEAU Massenet,Jules/Hérodiade/III-1